Burkina Faso : le gouvernement démantèle un réseau d’espionnage mené par une ONG humanitaire

Le ministre burkinabè de la Sécurité a dénoncé les activités d’espionnage et de subversion de l’organisation non gouvernementale INSO Burkina, révélant l’interpellation de plusieurs individus et leurs activités incriminées. Les suspects devraient comparaître devant la justice pour espionnage et trahison.
Le ministère de la Sécurité du Burkina Faso a annoncé, lors d’une conférence de presse tenue le 7 octobre à Ouagadougou, le démantèlement d’un réseau d’espionnage dirigé par l’organisation non gouvernementale International NGO Safety Organization (INSO), dont la spécialisation officielle est de dispenser des formations aux ONG humanitaires en matière de sécurité.
Les autorités ont annoncé l’interpellation de sept personnes, grâce à une contribution citoyenne décisive, selon le ministre de la Sécurité Mahamadou Sana. Parmi elles figurent des ressortissants français, tchèques et maliens, accusés d’avoir collecté des informations sensibles sur les Forces de défense et de sécurité (FDS).
Parmi les personnes arrêtées figurent Jean-Christophe Émile Pegon, directeur pays d’INSO, de nationalité française, Aminata Marianne Guissé, directrice adjointe de nationalité franco-sénégalaise, Thomas Muzik, ressortissant tchèque et directeur général adjoint, ainsi que quatre collaborateurs burkinabè et un Malien.
Collecte d’informations sécuritaires, administratives et politiques sensibles
Selon le ministre de la Sécurité, les investigations menées par ses services, entamées en janvier 2025, ont révélé que l’ONG INSO se livrait à la collecte d’informations sensibles, tant sécuritaires qu’administratives et politiques, dans plusieurs régions du Burkina, destinées à des puissances étrangères.
Il s’agit notamment d’informations sur la position des convois de ravitaillement, le nombre d’éléments des FDS, de véhicules, d’armes lourdes ou de motos. L’ONG collectait également des données concernant les positions des troupes des FDS et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), les coordonnées GPS des affrontements entre FDS et groupes armés, ainsi que les bilans des attaques.
Mahamadou Sana a indiqué que des pays voisins du Burkina Faso, comme le Mali, auraient également été espionnés par l’organisation.
Destination opaque des informations collectées
Dans ses aveux, rapportés par Mahamadou Sana, le directeur pays d’INSO Burkina, Jean-Christophe Émile Pegon, a reconnu avoir ordonné à son personnel de collecter des informations sensibles — notamment sur les incidents sécuritaires, les coordonnées GPS des lieux touchés, ainsi que les positions et déplacements des convois de ravitaillement — en violation de la convention d’établissement signée avec l’État burkinabè.
Le ministre a précisé : « Au sujet de l’usage final d’une telle collecte systématique d’informations sensibles, aucune réponse claire n’a été donnée par les responsables, car, disent-ils, c’est la feuille de route que l’ONG leur a donnée et qu’ils essaient d’accomplir au mieux. Ils prétendent ne pas savoir ce qu’il advient de ces données, qui sont centralisées dans une base de données à l’étranger. »
Un réseau structuré en trois niveaux
Pour ses opérations, l’ONG recrutait des nationaux burkinabè en tant que conseillers, structurés en trois niveaux, a fait savoir le ministre. D’abord, il y a les anciens membres des FDS, dont le rôle est de « centraliser les données par zone et de les analyser en donnant à la fois une interprétation sécuritaire, mais également une interprétation politique ». Un second niveau d’agents de terrain qualifiés était chargé d’organiser la collecte des informations sur le terrain. Quant au troisième niveau, il était constitué d’individus soigneusement sélectionnés en fonction de leurs positions stratégiques ou de leurs activités leur facilitant l’accès à l’information. Ils servaient de relais communautaires implantés dans plusieurs régions à forte pression sécuritaire du pays.
Selon Mahamadou Sana, les employés de l’organisation percevaient des salaires excessivement élevés, rendant possibles leurs activités d’espionnage.
Les suspects devraient être traduits devant le procureur du Faso pour espionnage et trahison, conformément à l’article 311-4 du code pénal.