Niger : le Français relégué au rang de «langue de travail»

Les autorités nigériennes ont promu le haoussa «langue nationale» et relayé le français, parlé par 13% de la population, au rang de «langue de travail» aux côtés de l’Anglais. Mi-mars, Niamey s’était retiré de l’Organisation internationale de la Francophonie. Une initiative qu’avaient suivie le Burkina Faso et le Mali.
Le Français n’est plus la langue officielle du Niger, a appris le 8 avril, de source officielle, l’Agence France Presse. Citant l’article 12 de la « Charte de la refondation », document ayant valeur de Constitution promulgué le 26 mars par le général Abdourahamane Tiani, l’AFP a ainsi rapporté que « la langue nationale est le haoussa » et « les langues de travail sont l’anglais et le français ».
Toujours selon la même source, « neuf autres langues, dont le zarma-songhay, le fulfulde (peul), le kanouri, le gourmantché et l’arabe, deviennent "les langues parlées du Niger" ». Si 13% de la population du Niger est francophone, le Houssa est parlé par près de la moitié (47%) des habitants de cette ancienne colonie française.
Le 17 mars, dans une lettre adressée aux diplomates, le ministère nigérien des Affaires étrangères avait annoncé le retrait du pays de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le même jour, la porte-parole de l’OIF, Oria K. Vande Veghe, annonçait sur TV5 Monde que le Burkina Faso « a déjà annoncé une démarche similaire ». « C’est une décision qu’on déplore, mais qu’on respecte », avait-elle commenté.
La France en perte de vitesse au Sahel
Le lendemain, le Mali, troisième membre de la Confédération des États du Sahel, avait annoncé une décision similaire dans une lettre directement adressée au Quai d’Orsay. « Depuis l’avènement de la transition, l’OIF, au lieu d’accompagner le Mali dans la réalisation des aspirations légitimes de son peuple, s’est illustrée par l’application sélective des sanctions et le mépris de la souveraineté du Mali », stipulait ce courrier émis par la diplomatie malienne.
Les trois pays sahéliens, dorénavant unis au sein de la confédération de l’AES, avaient quitté fin janvier la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), organisation qu’ils accusaient d’être instrumentalisée par la France. Les autorités maliennes, nigériennes et burkinabè ont par ailleurs entrepris de rebaptiser, dans leurs capitales, des noms de rues portant des noms français, dans un effort pour effacer l’héritage colonial.
Bamako, Niamey et Ouagadougou ont vu leurs relations avec leur ancienne puissance coloniale considérablement se dégrader depuis les coups d’État, respectivement, de mai 2021, septembre 2022 et juillet 2023, condamnés par Paris.