La Russie renforce son partenariat avec l’Alliance des États du Sahel par un soutien militaire et stratégique

La Russie poursuit son engagement en Afrique en envoyant des spécialistes et des équipements militaires à l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette initiative vise à renforcer les capacités de défense du Burkina Faso, du Mali et du Niger, alors que ces pays s’affranchissent de la CEDEAO et cherchent à consolider leur sécurité régionale.

L’Alliance des États du Sahel, composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, bénéficie d’un appui grandissant de la Russie. Tatiana Dovgalenko, chef du département du partenariat avec l'Afrique au ministère russe des Affaires étrangères, a confirmé cet engagement dans une interview accordée à RIA Novosti ce 20 février. Elle a précisé que la Russie fournit des équipements militaires et des spécialistes afin d'améliorer les capacités opérationnelles des forces armées de ces pays.

Ce soutien s'inscrit dans une dynamique plus large visant à accroître l’autonomie sécuritaire de la région. Tatiana Dovgalenko a souligné l'importance de la formation des forces armées et des forces de l’ordre locales, un élément clé pour restaurer la stabilité dans des territoires marqués par la menace terroriste. «La Russie contribue au renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme et à l’amélioration de l’efficacité des forces armées nationales», a-t-elle affirmé.

En juillet 2024, les dirigeants des trois États sahéliens ont signé une charte à Niamey officialisant la création de cette confédération. Cette initiative marque une rupture nette avec la CÉDÉAO, une organisation que ces pays accusent d’imposer des sanctions «illégales et inhumaines». En janvier 2024, ils ont officiellement annoncé leur retrait du bloc, dénonçant son ingérence dans leurs affaires internes.

Un axe de coopération Moscou-Sahel

En parallèle à son soutien militaire, la Russie développe des projets d’envergure en Afrique, notamment dans les domaines de l’énergie, des infrastructures de transport et des hautes technologies. Selon RIA Novosti, Moscou a investi 24,5 milliards de dollars en Afrique en 2023 et cherche à renforcer ces échanges grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine.

Tatiana Dovgalenko a également évoqué l’importance du développement d’un futur système de paiements mutuels sécurisés, visant à contourner les pressions économiques occidentales. Ce partenariat stratégique ouvre la voie à une coopération plus étroite entre la Russie et l’Afrique, tant sur le plan économique que sécuritaire.

La formation d’une armée sahélienne unifiée, comptant environ 5 000 soldats, est en passe d’être finalisée. Selon les médias locaux, ces forces ont déjà commencé leur service et enregistré des succès dans la reprise du contrôle de territoires auparavant sous l’emprise des groupes terroristes. Cette montée en puissance militaire, couplée au soutien de la Russie, pourrait à terme redessiner l’équilibre des forces dans la région.

L’Ukraine accusée d’ingérence en Afrique

Le soutien de la Russie à l’AES s’inscrit également dans un contexte géopolitique plus global. En août dernier, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont demandé au Conseil de sécurité de l’ONU de prendre des mesures contre l’Ukraine. Ces États accusent Kiev de soutenir les groupes terroristes opérant au Sahel.

Tatiana Dovgalenko a conclu que la coopération entre la Russie et l’AES repose sur le principe «problèmes africains – solutions africaines», affirmant que cette approche correspond «pleinement aux intérêts des peuples de ces États» et qu’elle «aura un impact positif sur la formation d’une nouvelle architecture de sécurité régionale».