Quels étaient les véritables objectifs du discours du général Fabien Mandon, chef d'État-major des armées au Congrès des maires de France ? L'ennemi qu'il décrit existe-t-il ? Jacques Frantz propose son analyse du discours du général VRP de la macronie.
Le chef d’état-major des armées Fabien Mandon s’est exprimé mardi 18 novembre devant les maires de France réunis en congrès. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le discours a dérangé lorsque le plus haut gradé de l’armée française a déclaré que la France avait « toujours démontré sa force d’âme » et qu’à ce titre, elle devait accepter l’éventualité de perdre certains de ses enfants et consentir à de grands sacrifices économiques pour sa défense. En d’autres termes plus churchilliens, « de la sueur, du sang et des larmes ». J’ai pour habitude d’être méfiant lors des extractions de leur contexte des propos tenus. C’est donc à une analyse globale que j’invite le lecteur ; de l’ensemble du propos du général pour bien comprendre ce dont il nous parle.
À qui s’adresse-t-il ?
En prenant la parole devant les maires de France, le militaire s’adresse à ceux que le pouvoir considère comme des courroies de transmission. Il s’adresse à ceux qu’il charge (il ne s’en cache pas) de relayer les ordres à la population. Rappelons que tout cela se déroule à un moment où le président de la république (chef des armées) jouit d’une popularité à 11%. Rappelons aussi que le même président ne peut sortir dans la rue ou assister à un événement national à l’extérieur des palais nationaux sans être conspué par la population. Compliqué quand on attend d’une population le sacrifice suprême.
Ainsi, avec une élocution mal assurée et la voix d’un gamin sortant à peine de l’adolescence, le général explique que les défis et les menaces sur notre sécurité qui avaient été anticipés il y a trois décennies sont bien ceux auxquels il nous faut faire face. Des trémolos dans la voix il déplore le désengagement des États-Unis du continent européen. S’il avait étudié l’histoire, il saurait que les États-Unis tôt ou tard lâchent leurs alliés, c’est une constante. Mais dans une perspective de confrontation avec la Chine au sujet de Taïwan à l’aube de 2027, l’Europe, pour l’Oncle Sam, n’est plus une priorité.
Mais le général ne tarde pas à aborder ce qui le préoccupe vraiment, à savoir, la Russie. « Le troisième point bien sûr — et nous avions hier la visite du président Zelensky à Paris — c’est la guerre sur notre continent. Depuis maintenant presque quatre ans, — et c’est pas un premier événement — c’est-à-dire que… en 2008 la Russie décide d’attaquer la Géorgie. En 2014, elle s’empare de la Crimée. En 2022 elle relance une attaque en Ukraine en s’emparant de quatre régions qu’elle a quasiment conquises aujourd’hui ! Donc quand on regarde ce film, (2008, 2014 et 2022…) il n’y a aucune raison d’imaginer que c’est la fin de la guerre sur notre continent ».
Le problème c’est que le général et moi n’avons pas vu le même film. L’honnêteté intellectuelle ne devrait pas permettre de cacher que les actions de la Russie présentées comme des attaques ne sont en fait que des réponses à des tentatives de déstabilisation orchestrées par les États-Unis ou leurs supplétifs pour encrer les pays cités dans la zone d’influence européenne. Convenez donc que cela relativise considérablement la menace.
« Malheureusement la Russie, aujourd’hui, je le sais par les éléments auxquels j’ai accès, se prépare à une confrontation à l’horizon 2030 avec… nos pays ». Il n’aura échappé à personne que l’orateur reste flou sur les pays dont il s’agit réellement. « Elle est convaincue (la Russie) que son ennemi existentiel c’est l’OTAN, c’est nos pays ». À supposer que ce soit le cas, elle a peut-être des raisons pour ça. On peut citer les promesses faites au moment de la réunification allemande de ne pas élargir l’OTAN au-delà des frontières orientales de l’Allemagne, ou encore le rejet systématique de toutes les propositions russes de coopération pour l’élaboration d’une nouvelle architecture de sécurité. Si l’OTAN était entrée en matière et si elle avait tenu ses promesses, nous n’en serions pas là.
Ensuite le général poursuit son intervention en parlant de l’Afrique où (faut-il le lui rappeler) l’incompétence crasse des dirigeants français en matière de politique étrangère a rendu le pays invisible.
Et puis nous avons eu un couplet larmoyant sur les événements du 7 octobre qu’il qualifie de « barbarie à l’état pur » et de « barbarie la plus absolue ». Tous ces éléments donnent une idée assez précise sur ce que le général entend lorsqu’il parle de « nos pays » pour qui il invoque le sacrifice de « nos enfants ».
Et puis on en vient au sujet central. Le vrai danger que constitue la Russie. Il exhorte les maires à parler de ce danger dans leur commune. L’objectif est clair : fomenter un climat de haine anti-russe jusque dans les communes les plus reculées du pays. La doctrine est la suivante : la Russie est très dangereuse, mais nous sommes les plus forts. Nous, ce n’est bien sûr pas la France que ne dépasse pourtant pas le cadre de ses responsabilités, mais l’Europe dont il faut défendre les valeurs.
« On a tout le savoir, toute la force économique démographique pour dissuader le régime de Moscou d’essayer de tenter sa chance plus loin ». Pas idiot, comme ça si la Russie ne tente rien simplement parce qu’elle n’a aucune intention belliqueuse, les maires de la Creuse pourront toujours raconter que les Russes ont été dissuadés par la puissance européenne.
« Ce qu’il nous manque, — et c’est là que vous avez un rôle majeur — c’est la force d’âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est. « Les armées c’est un extrait de la nation ». Tiens ! Dès lors qu’on parle de « se faire mal » on revient au concept de Nation alors qu’il n’a été question que de valeurs européennes ou mondiales.
« Les femmes et les hommes qui sont aujourd’hui employés partout dans le monde ont entre 18 et 27 ans sur le terrain. Ils sont jeunes, ils viennent de vos communes, ils ont les mêmes aspirations. Ils tiendront dans leur mission s’ils sentent que le pays tient avec eux. Si notre pays flanche, parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants parce qu’il faut dire les choses. De souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense par exemple. » La mission des maires est donc sans ambiguïté : faire accepter à leurs administrés de nouveaux monuments aux morts pour sauver Zelensky, sa clique et leurs avoirs dans les paradis fiscaux. Pardon, j’oubliais la liberté des transgenres à « Kiev ».
En conclusion on constatera que le général VRP de la macronie est là pour vendre prioritairement aux Français des terroirs un ennemi imaginaire contre lequel ils devront verser leur sang. Pour cacher leurs forfaitures, les régimes de Macron, de Mertz et de von der Leyen en sont là.
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