Frappes sur l’Iran : l’Amérique joue à la guerre pour les caméras

Frappes sur l’Iran : l’Amérique joue à la guerre pour les caméras
Frappes sur l’Iran : l’Amérique joue à la guerre pour les caméras [image d'illistration générée par l'intelligence artificielle]
Suivez RT en français surTelegram

Evguéni Poddoubny, chef du bureau de la chaîne russe VGTRK au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, démonte l’effet d’annonce des frappes américaines contre les sites nucléaires iraniens. Derrière la puissance de feu, une opération de communication creuse – bien incapable, selon lui, d’entraver sérieusement le programme nucléaire de Téhéran.

Dans le contexte de l’agenda international et comparé à ce qui se passe aujourd’hui, l’atmosphère du début des années 2000 semble chaleureuse, voire romantique. Vous souvenez-vous comment les Américains se préparaient à bombarder l’Irak ? En formant une coalition, en persuadant, en menaçant, en convainquant les leaders mondiaux que le régime de Saddam Hussein était le mal absolu.

Et la fiole de Powell, vous vous en souvenez ? De la lessive en poudre présentée à l’ONU comme une « arme de destruction massive », ayant servi de prétexte médiatique pour envahir un pays souverain et tuer son dirigeant. Il semblait déjà alors que cette mise en scène s’écartait considérablement des normes de l’époque. Aujourd’hui, plus de 20 ans après, nous faisons face aux retombées, dans toute leur splendeur, des écarts à la norme ayant marqué ces années. Même plus besoin de faire du théâtre : personne ne cherche plus à convaincre qui que ce soit, les campagnes médiatiques ne sont là que pour la forme et sont devenues très primitives. Il s’agit désormais plutôt de croyance, mais pas en Dieu, bien sûr.

Personne n’a besoin de preuves des intentions hostiles de Téhéran, de l’élaboration de l’arme nucléaire et de projet de son utilisation. Aux yeux de l’Occidental lambda, l’Iran est un pays de chiites fanatiques désireux d’anéantir Israël et les États-Unis. 

Certes, les dirigeants iraniens ne sont pas des anges, mais comparés aux acteurs actuels de la confrontation, Téhéran a toujours fait preuve de discernement et de retenue. Il y a également une autre circonstance à garder à l’esprit. Israël possède, vraisemblablement, l’arme nucléaire, l’ayant obtenue « illégalement » : sans impliquer le club des puissances nucléaires et l’AIEA. Par-là, il n’a certes pas donné le meilleur exemple à ses voisins et à ses opposants. Mais rien n’est gratuit en ce bas monde. À quel point les scientifiques iraniens étaient-ils proches de l’élaboration de l’arme nucléaire, la question peut être débattue. Quant à savoir de combien les frappes israéliennes ont-elles écarté les scientifiques iraniens de leur but, cela se discute aussi. En ce sens, Tel Aviv sait se montrer déterminé et atteindre ses objectifs. S’il ne peut y parvenir de suite, il procède par étapes.

Mais la frappe américaine sur les sites nucléaires iraniens, elle, ressemble vraiment à une opération de communication à grands frais. Dix-neuf pays membres de l’OTAN ont bombardé la Yougoslavie pendant deux mois et demi et n’ont pas pu détruire le potentiel militaire et la structure étatique de la Serbie. Ils sont parvenus à lui infliger des dégâts, mais pas à la détruire. Pour frapper l’Iran, les Américains ont recouru à leurs munitions non nucléaires les plus puissantes : les bombes guidées anti-bunker GBU-57, pesant près de 14 tonnes. Une bombe d’ailleurs élaborée par le complexe militaro-industriel américain en 2007 pour frapper les sites nucléaires nord-coréens et iraniens, ayant subi, en pratiquement vingt ans, de nombreuses modifications. La bombe anti-bunker peut pénétrer jusqu’à 60 mètres sous terre. Par malheur, le site d’enrichissement d’uranium est situé à cent mètres de profondeur dans la roche.

Trump, dans le style qui lui est cher, celui d’un animateur de talk-show bas de gamme, s’est empressé de déclarer que les frappes avaient quasiment anéanti le programme nucléaire de Téhéran, ce qui n’est, bien sûr, pas le cas. Je me rappelle très bien de la frappe de Trump contre la base syrienne d’Al-Chaayrate en 2017 : une frappe tout aussi symbolique, juste pour faire du bruit. Ce ne sont pas les missiles de Trump qui ont détruit la Syrie de l’époque.

Aujourd’hui, l’Iran va payer le prix fort, si les Américains entreprennent pour de bon de détruire le pays. Mais cela ne semble pas être le cas pour l’instant.

Cela reste un petit accrochage au Moyen-Orient, qui risque tout de même de virer au cataclysme, mais il faudrait alors impliquer des forces d’un autre niveau, payer un autre prix. Ou y passer plus de temps. Car au moment où Colin Powell agitait son éprouvette devant l’ONU, peu nombreux étaient ceux qui se représentaient à quel point les règles du jeu auraient changé quinze ou vingt ans plus tard.

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix