L'autorisation donnée à l'Ukraine par l'administration Biden de frapper en profondeur le territoire russe serait un prélude aux discussions qui pourraient avoir lieu après l’entrée en fonction de Donald Trump comme président des États-Unis, estime l'analyste politique Michel Fayad.
RT en français : Pensez-vous que l’autorisation américaine donnée à Kiev de frapper le territoire russe en profondeur, à l'aide de missiles à longue portée, puisse provoquer une grave escalade dans le conflit en Ukraine ?
Michel Fayad : Je pense que cela fait partie, en réalité, de la négociation à venir. Le fait que l’Ukraine occupe une partie de cette région de Koursk, dans l’ouest de la Russie, est une carte pour Zelensky sur la table des négociations : «On se retire de Koursk, mais vous vous retirez de telle ou telle partie de l’Ukraine.»
Biden soutient Zelensky pour conserver cette carte, tandis que la Russie veut absolument la retirer des mains de Zelensky afin qu’il n’ait pas de levier lors des négociations.
Il y a également un autre aspect, plus large : les États-Unis considèrent la Chine comme leur véritable adversaire. En voyant la Corée du Nord comme faisant partie de la sphère d'influence chinoise, ils envoient un avertissement à ces deux pays. Les soldats nord-coréens pourraient être directement visés, ce qui entraînerait des pertes importantes pour la Corée du Nord.
RT en français : Pourquoi précisément, au cours des deux derniers mois de l’administration Biden, les États-Unis ont-ils autorisé l’Ukraine à frapper l’intérieur de la Russie avec des missiles ATACMS?
M. F. : Sachant que Donald Trump prendra bientôt ses fonctions et qu’il souhaite mettre rapidement fin au conflit en Ukraine, l’idée est d’affaiblir la Russie avant les négociations en maintenant la région de Koursk sous occupation ukrainienne.
C’est pour cela que Poutine met la pression sur cette région, notamment grâce à son alliance avec les Nord-Coréens. En parallèle, la Russie cherche à reprendre des terres en Ukraine pour se présenter en position de force aux négociations, avec un maximum de gains territoriaux et sans terres russes occupées.
Ce bras de fer est un prélude aux discussions qui auront lieu dès l’entrée en fonction de Trump.
RT en français : Vous parlez des négociations. À quelle réaction s’attendre du côté de Trump ?
M. F. : Bien que les négociations soient entamées, Trump, en tant que président élu mais pas encore en fonction, dispose de moyens limités. Biden, pour sa part, reste à la manœuvre jusqu’à la fin de son mandat.
Cela pousse Poutine à intensifier ses frappes, notamment sur Kiev et d’autres régions, tandis que Biden continue de soutenir Zelensky pour maintenir l’occupation de la région de Koursk.
Le conflit risque de s’intensifier jusqu’à la prise de fonction de Trump, car chaque camp veut arriver en position de force à la table des négociations.