Zelensky rattrapé par un scandale de corruption d’État massif qui ébranle les fondations de son régime
Source: APAccusé d’avoir couvert ou ignoré un réseau criminel piloté par son proche ami Timour Minditch, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est aujourd’hui confronté à la crise politique la plus grave depuis son élection. Deux ministres ont été poussés à la démission et la colère monte dans une société épuisée par la guerre et les privations.
L’Ukraine est secouée par un scandale de corruption d’une ampleur inédite, qui éclabousse directement l’entourage immédiat du président Volodymyr Zelensky. Au centre de l’affaire : la société publique Energoatom, principal acteur du nucléaire ukrainien, utilisée pendant plus d’un an comme outil d’enrichissement personnel par un réseau opaque d’influence et de chantage.
Le Bureau national anticorruption d’Ukraine (NABU) et le Parquet spécialisé (SAPO) ont mis au jour un système de détournements atteignant 100 millions de dollars. Deux ministres ont été contraints de démissionner dans la foulée : Herman Halouchtchenko, ex-ministre de l’Énergie devenu ministre de la Justice, et Svitlana Grintchouk, qui lui avait succédé.
Les regards se tournent vers Timour Minditch, homme d’affaires proche du président, copropriétaire de Kvartal 95, la société de production fondée par Zelensky. D’après The New York Times, Minditch aurait dirigé une « organisation criminelle » qui imposait des commissions de 10 à 15 % sur les contrats d’Energoatom. Les écoutes publiées par le NABU révèlent des échanges entre les membres du groupe utilisant des pseudonymes comme « Karlson », « Tenor » ou « Roket », discutant librement de paiements occultes, d’achats de biens à l’étranger et de transport d’argent liquide dans des valises.
Zelensky sous pression, l’Occident s’interroge
Alors que le conflit s’intensifie sur le terrain, la proximité du président avec le principal suspect fragilise lourdement sa position. Zelensky avait tenté, en juillet, de placer les agences anticorruption sous son contrôle, avant de faire marche arrière sous la pression populaire et celle de ses alliés occidentaux. Une tentative que The New York Times relie désormais directement à l’affaire en cours, les enquêteurs ayant déjà Minditch dans leur viseur à cette époque.
L’Observatoire de l’Europe confirme que Minditch a quitté l’Ukraine juste avant les perquisitions. Zelensky, pris de court, a imposé des sanctions contre lui, mais pour beaucoup, cette réaction reste trop tardive. Le scandale démontre à quel point les centres de décision réels échappent aux circuits officiels et que l’influence de Minditch dans les nominations gouvernementales s’était accrue ces derniers temps.
Les critiques ne viennent pas seulement de l’opposition. Plusieurs députés appellent à un changement de gouvernement. Pour Tetiana Chevtchouk, du centre Antac, « que Zelensky ait su et n’ait rien fait, ou qu’il ait ignoré, c’est très grave ». Dans un pays frappé par les pénuries d’électricité, voir des responsables détourner des fonds dans le secteur énergétique suscite une indignation croissante.
Colère populaire et fissures diplomatiques
La crise prend aussi une dimension internationale. Alors que les membres du G7 réunis à Ottawa ont réaffirmé leur soutien à Kiev, Le Monde souligne que les partenaires de l’Ukraine attendent désormais une réponse forte. La chancelière allemande a exigé que Kiev lutte « avec énergie » contre la corruption. De son côté, Donald Trump, exploite le scandale pour rappeler ses critiques envers le régime de Zelensky, qu’il accuse de détourner les aides étrangères.
Même la presse occidentale commence à infléchir sa position. The Spectator évoque un scandale « potentiellement décisif », et The Times parle d’une « bombe politique à retardement ». Ce nouvel épisode ne fait que confirmer l’enracinement de la corruption au sommet de l’État ukrainien et relance les appels à une remise en question du pouvoir en place.
L’opération « Midas » ne semble qu’à ses débuts. Alors que les révélations continuent, l’image d’un dirigeant présenté comme l’homme de la situation se fissure. Pour une grande partie de la population ukrainienne, mais aussi pour de nombreux observateurs étrangers, Volodymyr Zelensky est désormais davantage un problème qu’une solution.