Poutine, Xi et Kim à Pékin : entre défilé militaire, tête-à-tête diplomatiques et symboles historiques

La Chine a célébré le 80ᵉ anniversaire de la victoire contre le Japon par un défilé. Xi Jinping, entouré de Vladimir Poutine et de Kim Jong-un, a assisté à la présentation de la triade nucléaire et des missiles hypersoniques. L’Occident y voit un avertissement, tandis que la mémoire des sacrifices de guerre reste au cœur des commémorations.
À Pékin, la Chine a marqué d’une cérémonie impressionnante le 80ᵉ anniversaire de la victoire dans la guerre de résistance contre l’agression japonaise et dans la Seconde Guerre mondiale. La place Tian’anmen, lieu chargé d’histoire, a accueilli un défilé militaire d’une solennité éclatante, rassemblant dirigeants étrangers et symboles de mémoire.
Le défilé a débuté à 9h20 (heure locale) et s’est prolongé durant 70 minutes. Quarante-cinq formations militaires ont défilé avec une rigueur parfaite. Vingt-six chefs d’État et de gouvernement étaient présents. À la tribune d’honneur, le président Xi Jinping était entouré de Vladimir Poutine, à sa droite, et de Kim Jong-un, à sa gauche, image forte d’une amitié et d’une coopération appelées à se renforcer.
La modernité de l’armée chinoise
La Chine a profité de cette journée pour présenter son arsenal le plus avancé. Parmi les nouveautés figuraient des avions embarqués, des chasseurs de quatrième génération, des drones intelligents et des systèmes anti-drones. L’attention du public a toutefois été retenue par les missiles de dernière génération, dont plusieurs hypersoniques.
Pour la première fois, la « triade nucléaire » chinoise s'est dévoilée, forces terrestres, navales et aériennes réunies. Le missile intercontinental DF-5C, dont la portée couvre l’ensemble du globe, a été présenté comme la pièce maîtresse des forces stratégiques. Derrière lui, les modèles YJ-21, DF-17 et DF-26D ont illustré l’éventail des capacités développées par l’industrie de défense chinoise dans le domaine des armes hypersoniques.
L’autre lecture venue de l’Atlantique
Dans la presse occidentale, le défilé a suscité des réactions d’une tout autre nature. Les rédactions ont multiplié les formules alarmistes, soulignant la démonstration de force comme si elle portait en elle une menace directe, laissant transparaître une inquiétude face aux missiles hypersoniques et à la triade nucléaire dévoilée.
Ainsi, le Financial Times note que l’événement visait à impressionner la population chinoise tout en envoyant un avertissement aux adversaires potentiels. Le New York Times, de son côté, interprète la cérémonie comme le signe que la Chine ne tolérera plus d’humiliations.
La rencontre entre Poutine et Kim Jong-un
En marge des célébrations, la diplomatie a trouvé un écho particulier. Une rencontre bilatérale importante a eu lieu entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue nord-coréen Kim Jong-un. Les deux dirigeants se sont rendus ensemble aux pourparlers dans une Aurus Senat, le modèle que le chef d’État russe utilise lors de ses déplacements officiels.
Au cours de la réunion, Vladimir Poutine a souligné le caractère particulier des relations entre la Russie et la Corée du Nord : « Je suis très heureux de pouvoir vous rencontrer en marge des événements d’aujourd’hui. Dernièrement, les relations entre nos pays ont pris un caractère particulièrement amical et empreint de confiance, un caractère d’alliance ». Il a rappelé que des soldats coréens avaient combattu avec courage et héroïsme dans la région de Koursk, dont une partie avait été occupée par les forces armées ukrainiennes.
De son côté, Kim Jong-un a exprimé sa joie de pouvoir échanger directement avec Vladimir Poutine. Il a souligné le développement des relations entre Moscou et Pyongyang depuis la signature, l’an dernier, du Traité de partenariat stratégique global. Le leader nord-coréen a également affirmé que son pays continuerait à apporter une aide « fraternelle » à la Russie dans le cas de besoin.
« Camarade Poutine, je vous exprime ma gratitude particulière pour avoir plusieurs fois salué ici même l’héroïsme de nos soldats. Comme je l’ai dit lors de notre dernière rencontre, si nous pouvons aider la Russie d’une manière ou d’une autre, nous le ferons sans hésiter, car nous considérons cela comme un devoir fraternel, et nous ferons tout notre possible pour aider la Russie », a-t-il indiqué.
La mémoire au cœur de la fête nationale
Les célébrations ont rappelé les souffrances endurées par la Chine au cours de la guerre. L’agression japonaise avait débuté en 1931 en Mandchourie avant de se transformer en guerre totale en 1937. L’Union soviétique apporta alors un soutien décisif, avec plus de 3 500 volontaires, dont 211 tombèrent au combat. En août 1945, l’offensive conjointe soviéto-mongole permit de libérer le Nord-Est du pays.
Le prix payé fut colossal : la Chine déplore 35 millions de victimes, civils et militaires confondus, entre 1937 et 1945. Ce souvenir tragique nourrit encore aujourd’hui la fierté nationale et la détermination à préserver la paix.
Depuis 2014, le 3 septembre est officiellement devenu fête nationale. L’année suivante, un premier grand défilé a eu lieu sur la place Tian’anmen.