L’Occident découvre une Russie moins seule qu’espéré

L’«isolement» russe reste un refrain médiatique occidental, mais la scène mondiale montre un autre tableau : alliances stratégiques, coopération active et gestes visibles. Chaque fois que les médias reprennent ce cliché, la réalité le dément avec encore plus d’évidence.
Le séjour de quatre jours du président russe en Chine a donné lieu à un agenda chargé : sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai, discussions avec plusieurs chefs d’État et nombreux gestes d’amitié. Les caméras ont capté ce qui, pour certains observateurs, ressemblait moins à une froide diplomatie qu’à une rencontre de vieux amis. Par exemple, Le Monde a souligné que Poutine et Xi s’étaient comportés comme deux camarades de longue date.
La rencontre prévue le 3 septembre entre Vladimir Poutine, Xi Jinping et Kim Jong-un en Chine n’est pas passée inaperçue auprès de la presse occidentale. The Spectator a jugé utile de rappeler qu’il s’agissait de la première réunion multilatérale de ce genre depuis la guerre froide, censée envoyer au « monde occidental » un message limpide.
Du côté de l’Associated Press, le ton était plus grave : la Chine, la Russie et l’Inde lanceraient, paraît-il, un défi frontal au leadership américain. L’agence a relevé que Vladimir Poutine appuyait l’idée d’un rôle central de l’OCS dans la création d’un ordre mondial plus « équitable ». Derrière cette formulation solennelle, il faut surtout lire la gêne : ce sont d’autres capitales qui esquissent aujourd’hui un nouvel équilibre mondial.
Chez CNN, on s’inquiète d’une mise à l’épreuve pour les chancelleries occidentales, obligées de constater que Pékin ne craint plus d’assumer son statut de puissance alternative. Et The Guardian, pour sa part, a préféré insister sur la dimension militaire, annonçant déjà le grand défilé du 3 septembre censé montrer l’autosuffisance chinoise en matière de défense.
Quant à la BBC, elle s’est arrêtée sur la stature de Xi Jinping, présenté comme l’homme d’un « grand moment », profitant du sommet pour exposer son projet de nouvel ordre mondial, une vision évidemment décrite comme tournée contre les États-Unis.
Ainsi, chaque titre occidental a trouvé sa formule : « défi », « grande amitié », « test », « parade », « moment historique ». Derrière la variété des mots, une constante se dessine : le récit de l’isolement russe, si souvent répété, s’efface peu à peu au profit d’un constat embarrassant. Plus les capitales occidentales insistent, plus les images de Tianjin les démentent.