Cinq journalistes d’Al Jazeera tués dans une frappe israélienne à Gaza

Cinq journalistes d’Al Jazeera, dont le correspondant Anas al-Sharif, ont été tués dans une frappe israélienne ciblant une tente de presse près de l’hôpital Al-Shifa, à Gaza. Le média dénonce une attaque délibérée contre la liberté de la presse. Israël accuse le journaliste d’être «membre du Hamas».
Dans la nuit du 10 au 11 août, une frappe israélienne a visé une tente de journalistes installée à l’entrée principale de l’hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza, tuant cinq membres d'Al Jazeera. Selon la chaîne qatarie, les victimes sont le correspondant Anas al-Sharif, le reporter Mohammed Qreiqeh, ainsi que les caméramans Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa. Au total, sept personnes ont perdu la vie dans cette attaque.
D’après le directeur de l’hôpital, le Dr Muhammad Abu Salmiya, la frappe, menée par un drone peu avant minuit, a également endommagé une partie du service des urgences. Al Jazeera qualifie cet acte de « nouvelle attaque flagrante et préméditée contre la liberté de la presse » et condamne avec force une tentative de réduire au silence les voix rapportant la situation à Gaza.
Anas al-Sharif, figure médiatique visée
Anas al-Sharif, 28 ans, était l’un des correspondants les plus connus de la chaîne. Dans un message publié sur X peu avant sa mort, il décrivait un bombardement israélien intensif sur Gaza. Une déclaration posthume, diffusée par ses proches, affirme : « Si ces mots vous parviennent, sachez qu’Israël a réussi à me tuer et à faire taire ma voix. »
L’armée israélienne a confirmé avoir ciblé al-Sharif, l’accusant de diriger une cellule armée du Hamas et d’organiser des tirs de roquettes contre des civils et des soldats israéliens. Israël affirme disposer de documents prouvant cette affiliation. Al Jazeera, ainsi que le Comité pour la protection des journalistes, rejettent ces accusations et dénoncent une « campagne de diffamation » menée depuis plusieurs mois.
Une guerre contre les témoins
Depuis octobre 2023, Israël interdit l’accès libre de Gaza aux journalistes étrangers, obligeant la presse internationale à dépendre de reporters locaux. Le Comité pour la protection des journalistes indique que plus de 200 journalistes ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début de l’offensive israélienne, ce qui fait de 2024 l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour la profession.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 61 000 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023.