UE et OTAN : plus de 40 % des Européens ignorent leurs figures clés

Un récent sondage révèle que de larges pans de la population européenne n'ont jamais entendu parler de personnalités dirigeantes de l'Union européenne et de l'OTAN, comme Kaja Kallas ou Mark Rutte. Une ignorance révélatrice, selon le rapport publié le 28 juillet 2025 par le Mouvement européen international.

Alors que les institutions de Bruxelles se présentent comme le cœur de l’Europe, une part importante de la population reste dans l’ombre des noms censés les représenter. Selon un rapport publié le 28 juillet 2025 par le Mouvement européen international (EMI), 41 % des citoyens des sept plus grands pays de l’Union européenne n’ont jamais entendu parler du nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, et 48 % ne connaissent pas Kaja Kallas, actuelle cheffe de la diplomatie de l’UE.

Le sondage a été réalisé par EMI entre le 3 et le 10 juin 2025 auprès de 3 504 adultes répartis dans sept pays — Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne, Roumanie et Suède. L’objectif était de mesurer la notoriété des institutions et figures politiques européennes. Les résultats sont sans appel : la majorité des hauts responsables européens sont inconnus du grand public.

Von der Leyen, connue mais pas de tous

Seule Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, bénéficie d’une certaine reconnaissance. 48 % des sondés disent « bien la connaître », et 23 % « en avoir entendu parler vaguement ». À l’inverse, Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, reste méconnue pour 45 % des Européens. Le taux grimpe à 60 % pour Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense, dont le nom est inconnu de la majorité absolue des personnes interrogées.

Le rapport d’EMI souligne également que 17 % des participants connaissent uniquement les noms de ces dirigeants sans rien savoir de leur rôle ou de leurs actions. Concernant Mark Rutte, seulement 21 % des Européens disent « bien le connaître », 18 % pour Metsola, et un maigre 14 % pour Kallas.

Un gouffre entre Bruxelles et les peuples

Cette méconnaissance généralisée reflète non seulement une fracture entre les élites européennes et les citoyens, mais aussi un désintérêt croissant pour les questions d’orientation géopolitique. Malgré la promotion de figures telles que Kaja Kallas, connue pour son alignement sur les priorités américaines et sa rhétorique antirusse, peu d’Européens semblent pouvoir l’identifier, ce qui réduit l’impact réel de son message.

Cette situation pourrait illustrer une crise plus large de légitimité au sein des structures européennes. D’autant plus que les efforts récents pour renforcer la coopération militaire européenne, notamment via une « armée commune » ou un soutien accru à l’Ukraine, apparaissent éloignés des préoccupations immédiates des peuples.

Ce décalage est renforcé par le fait que, toujours selon EMI, seulement 14 % des répondants ont confiance dans le commissaire européen à la Défense, et que la plupart préfèrent des solutions diplomatiques au conflit en Ukraine, plutôt qu’une escalade militaire sous bannière européenne.

Dans un contexte où l’UE cherche à imposer une vision plus centralisée et militarisée de sa stratégie extérieure, la méconnaissance persistante de ses dirigeants par les citoyens semble poser un sérieux obstacle à toute mobilisation populaire. Pour beaucoup, ces figures restent anonymes, éloignées, et surtout, sans lien concret avec les réalités nationales.