Le Premier ministre espagnol critique l’UE pour son deux poids deux mesures entre la Russie et Israël

Pedro Sánchez pointe du doigt l’hypocrisie de l’UE qui impose sans relâche des sanctions contre Moscou, mais refuse d’appliquer des mesures similaires à Israël, en dépit des violations graves des droits de l’Homme à Gaza. Cette déclaration intervient alors que Bruxelles discute de l’adoption d’un 18e paquet de sanctions contre la Russie.
Lors du sommet européen à Bruxelles ce 26 juin, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a critiqué avec virulence les positions contradictoires de l’Union européenne. Selon ses déclarations, « l’Europe applique des doubles standards ». Il a exigé la suspension immédiate de l’Accord d’association entre l’UE et Israël, signé en 1995 et en vigueur depuis 2000. Ce texte prévoit un partenariat fondé notamment sur le respect des droits de l’Homme, principe que Sánchez estime gravement violé par Israël dans la bande de Gaza.
Le Premier ministre espagnol s’est référé à un rapport de l’ONU préparé à la demande du chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas. Le document évoque de «nombreux indices de violations des droits humains » par Israël et mentionne un « niveau sans précédent » de pertes civiles. L’Espagne, aux côtés de l’Irlande et de la Slovénie, pousse l’UE à prendre des mesures concrètes, y compris des sanctions individuelles contre les responsables israéliens. Toutefois, l’unanimité requise parmi les 27 États membres rend peu probable une suspension formelle de l’accord.
Parallèlement, l’Union européenne discute actuellement de l’adoption d’un 18e paquet de sanctions contre la Russie. Pedro Sánchez s’est interrogé sur l’« absence totale de logique » entre le zèle de Bruxelles à sanctionner Moscou et son inaction face aux crimes israéliens à Gaza. Selon lui, cela discrédite la politique étrangère européenne.
Réactions en Russie : critique de l’UE et affirmation de résilience
La réaction russe n’a pas tardé. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que le comportement de l’UE, cherchant toujours à imposer de nouveaux paquets de sanctions, évoquait une « crise de panique ». Elle a accusé Bruxelles de refuser d’affronter ses propres problèmes internes, préférant s’en prendre sans cesse à la Russie.
Le sénateur Konstantin Kosatchev, vice-président du Conseil de la Fédération, a qualifié ces sanctions de « symboliques » dans une interview sur Rossiya 24. Il a souligné que les 17 précédents paquets n’avaient pas affaibli l’économie russe, et que le 18e n’aurait « aucun effet significatif ». Selon lui, la Russie est résiliente et « confiante dans sa victoire ».
De son côté, le vice-ministre des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko, a promis une réponse de Moscou. Dans une interview, il a ironisé sur l’autodestruction de l’Europe : « Avec ces sanctions, l'Europe se tire souvent une balle dans le pied, parfois même plus haut ». Il a rappelé que les pertes économiques pour l’UE liées aux sanctions contre la Russie avaient dépassé 1 500 milliards d’euros.
Pressions sur les États membres et désaccords internes à l’UE
La Hongrie a également réagi. Son Premier ministre, Viktor Orban, a confirmé que Bruxelles lui avait fait une « très bonne proposition » en échange de son soutien au nouveau paquet de sanctions. Toutefois, il a souligné que Budapest et Bratislava restaient opposées à l’arrêt des importations de gaz et de pétrole russes, mesure contenue dans le projet. Orban a qualifié la stratégie de l’UE de « supercherie ».
Le Premier ministre belge Bart De Wever a indiqué que l’UE pourrait approuver le 18e paquet lors du sommet en cours. Ce paquet viserait notamment les revenus russes issus de l’énergie, la baisse du plafond sur le prix du pétrole russe, ainsi que le secteur bancaire. Mais comme l’a plusieurs fois souligné Moscou, l’Occident refuse toujours de reconnaître l’échec total de sa stratégie de sanctions contre la Russie.