Souverainisme : «il ne me reste qu’un seul compagnon de lutte : Madame Le Pen», assure Orban

Interviewé par une chaîne privée française, le Premier ministre hongrois a salué la position de l’ancienne présidente du Rassemblement national à l’égard des chancelleries défendant une politique souveraine. Il est largement revenu sur la nécessité, selon lui, de lutter contre la «bureaucratie bruxelloise» qui aurait dévoyé le projet européen.
« Bruxelles ne peut pas dicter la politique européenne ». Lors d’une interview à LCI diffusée le 8 juin, le Premier ministre Viktor Orban a appelé à « freiner la bureaucratie bruxelloise » et a « retrouve[r] nos droits nationaux ». Défendant que l’« idée européenne » serait « fantastique », mettant en avant des objectifs prônés par l’UE, celui-ci a dressé un constat : « aujourd’hui nous n’avons ni bienêtre ni paix ». « Ce n’est pas ce que nous avons choisi », a-t-il insisté.
Interrogé sur qui, en France, « incarne le mieux » ses idées, Orban a salué les « collègues fantastiques » que furent pour lui les présidents français Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, le Premier ministre de ce dernier François Fillon, ou encore Michel Barnier lorsqu’il fut Commissaire européen. « Il ne me reste qu’un seul compagnon de lutte, Madame Le Pen », a-t-il ajouté à l'endroit de l'ancienne présidente du Rassemblement national (2011-2021), avant de poursuivre : « Il y a vingt ans, je n’aurais jamais pensé cela. Mais, en réalité, la politique européenne s’est décalée vers la gauche ».
« Je boirai des magnums de Champagne », a-t-il répondu, concernant une question portant sur une hypothétique victoire de Marine Le Pen aux présidentielles françaises de 2027.
« Historiquement, Madame Le Pen a toujours soutenu la Hongrie qui était contre l’injustice […] elle a toujours soutenu la position des États souverains », a-t-il argué, avançant qu’il l’« aiderai[t] à créer un budget pour un cycle d’avenir qui ne veut pas dépenser de l’argent pour la guerre, qui ne veut pas qu’il y ait encore plus de bureaucratie et qui redonnerait droit et compétences aux nations face à Bruxelles ».
Cette dernière a, à ses yeux, « de mauvaises réponses à nos problèmes ». « Par exemple il y a une crise migratoire qui est très mal gérée. Une crise de covid, mal gérée. Transition verte, mal gérée. Guerre, mal gérée. Sanctions, mal gérées », a-t-il égrainé avant d’ajouter : « dans chaque cas, les crises sont des prétextes pour s’accaparer encore plus de compétences ».
« Tous nos maux proviennent du fait que nous avons délaissé nos traditions »
Sur le front de l’immigration, principale pierre d’achoppement entre Budapest et Bruxelles, Viktor Orban a évoqué l’astreinte journalière d’un million d’euros à laquelle son pays est contraint par la justice européenne pour ne pas s'être conformé au droit communautaire en matière d'asile.
« On ne peut pas permettre que des migrants, tout simplement, fassent le désordre dans nos rues, qu’ils entrent dans notre pays sans permis, qu’ils soient violents envers nos femmes. Qu’il y ait de l’homophobie, de l’antisémitisme : c’est inacceptable, inacceptable ! On ne peut pas rester les bras ballants et rester juridico-juridique », a défendu le Premier ministre hongrois. « Il y a une solution : il ne faut pas les laisser entrer » a insisté Orban.
« Je pense que tous nos maux proviennent du fait que nous avons délaissé nos traditions : la souveraineté nationale et nos traditions chrétiennes », a-t-il également déclaré, se présentant en tant que souverainiste en opposition aux fédéralistes. Celui-ci a alors évoqué la nécessité d’un « retour à nos racines », projet qui serait « diamétralement opposé à ce que représente Monsieur Macron ».
Viktor Orban est attendu, ce 9 juin, à Mormant-sur-Vernisson (Loiret), à l’occasion de la « Fête de la victoire » organisée par le Rassemblement national afin de célébrer le premier anniversaire des succès du groupe « Patriotes pour l’Europe » aux élections européennes de 2024. Des élections, nettement remportées en France par le RN avec plus de 31% des suffrages et suite auxquelles Emmanuel Macron avait annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles législatives.