Marine Le Pen se dit «éliminée» de la course à la présidentielle

Lors de son intervention sur TF1 le 31 mars, Marine Le Pen a dénoncé une décision judiciaire, qu’elle qualifie de «politique» et contraire à l’État de droit, qui la rend inéligible pour 2027. Elle promet de faire appel et affirme que des «millions de Français» sont privés de leur choix démocratique.
Dans une allocution télévisée sur TF1, Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National (RN) à l’Assemblée nationale, s’est exprimée avec gravité après sa condamnation à quatre ans de prison, dont deux ferme avec bracelet électronique et cinq ans d’inéligibilité, assortis d’une exécution provisoire. «Je suis éliminée, mais en réalité ce sont des millions de Français qui sont éliminés de la démocratie», a-t-elle déclaré, qualifiant ce lundi 31 mars de «jour funeste» pour la France. Cette sanction, liée à l’affaire des assistants parlementaires européens, empêche la triple candidate à la présidentielle de se présenter en 2027, un scrutin où elle était donnée favorite par de nombreux observateurs.
«L’État de droit a été totalement violé»
Marine Le Pen n’a pas mâché ses mots, dénonçant une «décision politique» visant à l’écarter de la course à l’Élysée. «L’État de droit a été totalement violé», a-t-elle insisté, critiquant l’exécution immédiate de son inéligibilité, qui rend son appel inefficace sur ce point. Selon elle, le magistrat aurait «assumé très clairement» vouloir la neutraliser politiquement, une accusation qu’elle appuie en soulignant un prétendu deux poids, deux mesures : «Il ne fait pas bon être dans l’opposition dans ce pays». Elle a ainsi ironisé sur le fait que d’autres figures politiques, comme Jean-Luc Mélenchon ou François Bayrou, sont également ciblées par des affaires similaires.
C’est une décision politique qui a été rendue.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) March 31, 2025
La magistrate a assumé de mettre en œuvre l'exécution provisoire de l'inéligibilité, de rendre mon appel inutile sur ce sujet pour m'empêcher de me présenter et d'être élue présidente de la République. pic.twitter.com/N7TlTc4r9f
Refusant de baisser les bras, la figure emblématique du RN a annoncé son intention de «faire appel le plus vite possible», espérant qu’une Cour d’appel examine le dossier «avec neutralité». «Nous sommes tous innocents», a-t-elle affirmé, présentant l’affaire comme un simple «désaccord administratif» avec le Parlement européen, sans enrichissement personnel ni corruption. Elle a toutefois exprimé une crainte : «il faut que la justice se hâte, mais il sera trop tard» si une relaxe intervient après 2027, remettant en cause la «légitimité» du futur président élu.
Face à cette situation, Marine Le Pen a exclu de demander une «grâce présidentielle» à Emmanuel Macron, une option qu’elle juge incompatible avec sa lutte. Elle a également évoqué Jordan Bardella, président du RN, comme «un atout formidable pour le mouvement», laissant entendre qu’il pourrait être un recours si son inéligibilité était confirmée. «J’espère que nous n’aurons pas à user de cet atout plus tôt que nécessaire», a-t-elle ajouté, réaffirmant son engagement auprès des Français : «Je me tiens à leurs côtés et je le ferai jusqu’au bout.»
De son côté, Jordan Bardella appelle à la mobilisation.
La condamnation avec exécution provisoire de Marine Le Pen, qui l'empêche d'être candidate en 2027, est un scandale démocratique.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) March 31, 2025
Par notre mobilisation populaire et pacifique, montrons-leur que la volonté du peuple est plus forte ➡️ https://t.co/UfVMl1zDcx#SauvonsLaDémocratiepic.twitter.com/OVsHmxvVE3
Le président du parti dénonce sur X une décision privant «des millions d’électeurs de leur choix et donc de leur liberté», se disant «sous le choc». Pour Marine Le Pen, cette condamnation dépasse sa personne : elle y voit une atteinte profonde à la démocratie française, orchestrée par «des pratiques que l’on croyait réservées aux régimes autoritaires». Reste à savoir si son appel inversera la donne ou si 2027 marquera un tournant inattendu pour le RN.