Tensions indo-pakistanaises : Islamabad annonce le lancement de l’opération «Mur de plomb»

L'Inde et le Pakistan se sont mutuellement accusés ce 10 mai de frappes de missiles sur des cibles militaires. L'armée pakistanaise a annoncé le lancement de l’opération «Bunyan Marsoos» («Mur de plomb»), accusant l’Inde d’avoir attaqué trois bases aériennes. Pékin et Washington ont appelé à la désescalade.
La tension est montée d’un cran entre Islamabad et New Delhi ce 10 mai, alors que les chancelleries du monde entier appellent les deux voisins asiatiques à la retenue et à la désescalade. Lors d’une conférence de presse, le colonel Sofiya Qureshi a accusé le Pakistan d'avoir attaqué « 26 sites » en Inde, notamment à l’aide « d’armes à longue portée » et d'avions de combat, affirmant que les forces indiennes avaient « éliminé avec succès la plupart de leurs menaces ».
Parmi ces sites figurent les aérodromes militaires Adambpur, Bhuj, Pathankot et Udhampur, a ajouté le colonel, précisant que le site de Bhatinda avait essuyé des destructions et des victimes. Bhatinda, une base que l’armée pakistanaise a affirmé avoir « détruit ».
Sofiya Qureshi a par ailleurs accusé le Pakistan d’avoir mené des attaques « déplorables et lâches » contre des infrastructures civiles. Dans un communiqué publié sur X, le ministère indien de la Défense a accusé le Pakistan d’avoir « ciblé » des « lieux de culte, comme le célèbre temple Shambhu et des quartiers résidentiels de Jammu ».
L’armée pakistanaise affirme avoir détruit plusieurs positions indiennes
Selon la police locale, citée par l’agence Reuters, cinq civils auraient été tuées dans cette région du Cachemire indien. « Onze personnes, dont quatre femmes et un enfant », ont été tués durant la nuit « dans d’intenses bombardements indiens, sur plus de cinq endroits de la ligne de contrôle », a affirmé auprès de l’AFP le ministre de l’Information du Cachemire pakistanais, Mazhar Saeed Shah.
Plus tôt dans la journée, l'armée pakistanaise avait déclaré avoir mené des frappes contre des sites militaires indiens dans le cadre de l'opération « Bunyan Marsoos », que l’on peut approximativement traduire par « Mur de plomb ».
Pakistan fires missiles as part of Operation Bunyan ul-Marsoos - 5:52 AM May 10 pic.twitter.com/QuCNwzHcRo
— omar r quraishi (@omar_quraishi) May 10, 2025
Dans une série de posts sur X, l'armée pakistanaise a affirmé avoir « complètement détruit » plusieurs positions indiennes ainsi que la « fierté de l’Inde », revendiquant avoir « détruit » un système anti-aérien de facture russe S-400 lors d’une frappe aérienne. Se félicitant qu’elle devienne « virale », la même source a relayé une vidéo qui montrerait la destruction du site de stockage de missiles de croisière BrahMos à Beas, dans la province du Pendjab.
Des « allégations […] complètement fausses », comme l'a affirmé lors d’une conférence de presse le secrétaire indien aux Affaires étrangères, Vikram Misri, fustigeant des informations « lourdes de mensonges, de désinformation et de propagande ». Celui-ci a par ailleurs accusé le Pakistan de cibler « les civils et les infrastructures civiles ».
Des explosions entendues à Islamabad et Rawalpindi
Avant le lancement de l’opération « Bunyan Marsoos », le Pakistan avait accusé l’Inde d’avoir tiré des missiles contre trois bases, dont l’une aux portes de la capitale. L’AFP avait fait état de deux explosions à Islamabad, ainsi que dans la ville jumelle de Rawalpindi.
« Vous pouvez vous préparer maintenant à notre réponse », avait déclaré en anglais, à la télévision d’État pakistanaise, le lieutenant-général Ahmed Sharif Chaudhry, un porte-parole de l’armée, dans la foulée des premières mentions de ces explosions. Celui-ci avait déclaré que les « bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot » avaient été visées par l’Inde.
La base de Nour Khan se trouve près du quartier général de l'armée pakistanaise, à Rawalpindi. Citant des sources officielles, restées anonymes, l’agence de presse chinoise Xinhua a rapporté que quatre missiles auraient été tirés contre cette base aérienne, et que deux d'entre eux auraient frappé « la piste à 2h15 et 2h20 heure locale ».
Dans un communiqué publié sur son site, la diplomatie chinoise a déclaré que Pékin suivait « de près la situation actuelle entre l'Inde et le Pakistan » et a appelé « fermement » les deux pays à donner la priorité à « la paix et la stabilité », ainsi que de faire preuve de calme et de retenue.
Même tonalité du côté de Washington, où le porte-parole du département d’État, Tammy Bruce, a déclaré que le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, s’était entretenu avec le chef de l’armée pakistanaise Asim Munir au regard des derniers événements. « Il a continué à exhorter les deux parties à trouver des moyens de désamorcer la situation et a proposé l’aide des États-Unis pour entamer des pourparlers constructifs afin d’éviter de futurs conflits », a relaté Tammy Bruce.