Un correspondant du Monde se voit refuser le renouvellement de son accréditation en Russie : Moscou justifie sa décision et dénonce l'«hypocrisie» de Paris
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La porte-parole de la diplomatie russe a déclaré ce 7 février que le non-renouvèlement de l’accréditation d’un correspondant du Monde faisait suite à plusieurs refus de la France de délivrer un visa à un journaliste russe. Maria Zakharova a précisé que Paris, qui brandit la menace d’une «réponse», avait été mis en garde contre ces refus répétés.
«Il semble évident que le rédacteur en chef du Monde s’est trompé d'adresse». La diplomatie russe a réagi ce 7 février aux protestations du quotidien français Le Monde, qui avait rapporté le 5 février que son journaliste en poste à Moscou Benjamin Quénelle aurait vu «l’annulation» de son accréditation de presse.
Dans un message posté sur sa chaîne Telegram, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a ainsi évoqué une lettre «étonnante» qu’aurait reçue son ministère du quotidien français «concernant son incapacité supposée à comprendre les raisons» de cette décision de la diplomatie russe visant son correspondant. Le tout accompagné d’«une demande urgente de réponse officielle».
La diplomate russe a mis en avant une «mesure de rétorsion» face au refus répété de la France d’accorder un visa au journaliste du quotidien Komsomolskaya Pravda, Alexander Kudela. «La partie russe avait officiellement informé le ministère français des Affaires étrangères et le chef de la mission diplomatique française à Moscou qu’elle serait obligée de réagir si Paris ne revenait pas sur sa décision», a déclaré Zakharova.
Une «mesure de rétorsion» déjà évoquée par le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, dans un édito publié le 5 février en français et en russe. Mesure prise par Moscou, relate-t-il avec ses mots, «après le refus par Paris de délivrer un visa de presse à de supposés journalistes du quotidien Komsomolskaïa Pravda, réputé proche du Kremlin».
«Selon le quai d’Orsay, les noms proposés par Moscou n’étaient pas ceux de journalistes, mais d’agents des services de renseignement russes», a ajouté Fenoglio, qui déplore une «expulsion déguisée» de son correspondant, dénonçant une «décision arbitraire» qui «constitue une nouvelle entrave à la liberté de la presse en Russie».
Le quai d’Orsay menace d’une «réponse», Moscou fustige son «hypocrisie»
«La diplomatie française est restée indifférente aux avertissements sur les inévitables retombées pour son compatriote et a maintenu en vigueur sa décision antérieure de ne pas délivrer de visa au journaliste russe. Les mesures de rétorsion annoncées ont donc suivi», a insistée Maria Zakharova dans son communiqué, avant de poursuivre : «le sort est tombé sur le correspondant du Monde en Russie, Quénelle, dont l'accréditation nécessitait juste une prolongation technique : il n'y avait aucun sous-texte politique dans ce choix».
Le 6 février, le ministère français des Affaires étrangères a réagi en condamnant une «décision injustifiée et arbitraire». Dans un communiqué relayé par la presse française, le quai d’Orsay a appelé Moscou à «revoir leur décision», menaçant d’une «réponse». Une déclaration qui a provoqué l’ire de la diplomatie russe.
«Il ne s'agit pas d'une simple hypocrisie, mais d'une tentative délibérée de détourner la réalité, d’atténuer la responsabilité du ministère français des Affaires étrangères», a déclaré ce 7 février le ministère russe des Affaires étrangères. Celui-ci a réitéré que Moscou avait averti Paris, après deux refus d’accorder un visa à Alexander Kudele, que des mesures de rétorsion seraient prises si rien ne changeait. Tout comme Maria Zakharova, le ministère a souligné que dans le cas de Benjamin Quénelle il s’agissait d’une non-prolongation de l’accréditation du journaliste.
«Il serait opportun de rappeler que le discours emphatique sur la liberté d'expression cache derrière lui une image peu attirante: les autorités françaises ont depuis longtemps démontré leur attitude réelle à l’égard de ces principes en pratiquant un harcèlement systématique à l’encontre des journalistes russes», a par ailleurs souligné la diplomatie russe.
«En 2018, les accréditations des journalistes de RT pour couvrir un événement avec la participation d’Emmanuel Macron ont été annulées et puis RT France a été interdite de diffusion. Faut-il encore rappeler qu'en 2024 les médias russes se sont tout simplement vu refuser la possibilité de couvrir les Jeux olympiques de Paris?» a notamment rappelé le ministère russe.