Les médias syriens, anciennement pro-Assad, renient leur passé et se refont une virginité
Les anciens médias syriens, tous affiliés au gouvernement de Bachar el-Assad, ont commencé leur mue politique en adoptant le narratif et la rhétorique des nouveaux maîtres de Damas. Sana, l'agence officielle syrienne depuis 1965, reprend maintenant les communiqués de Hayat Tahrir el-Cham.
Alors que les médias d'État syriens étaient tous affiliés à Bachar el-Assad, reprenant le narratif et la rhétorique du gouvernement baathiste, depuis la chute du président les agences de presse s'alignent sur l'idéologie des nouveaux maîtres de Damas.
À l’entrée du bâtiment de la télévision syrienne, il faut désormais piétiner deux portraits de Bachar el-Assad avant d’y pénétrer. Les drapeaux de la révolution ont également remplacé ceux de l'ancien gouvernement. Depuis le 15 décembre, la chaîne télévisée n’émet plus, mais ils seraient des centaines à pointer chaque matin.
Une refonte totale de l'appareil étatique
Le nouveau ministre de l’Information, Mohammad al-Omar, a annoncé ces dernières semaines en faire sa priorité, en appelant à «reconstruire des médias syriens libres, caractérisés par l’objectivité et le professionnalisme». Un article de L'Orient-Le Jour nous apprend que les journalistes de la télévision d'État étaient payés à peine 20 dollars par mois.
Un changement radical a également eu lieu au sein de l'agence d'État Sana, acronyme de la Syrian Arab News Agency, créée en 1965, qui relayait jusqu’au 8 décembre les informations politiques, économiques et culturelles du gouvernement, et dépendait directement du ministère syrien de l'Information. Après plus de 60 ans de service auprès des instances du Baath sous Hafez el-Assad et son fils Bachar, le média a débuté sa mue.
Autrefois composée de plus de 560 fonctionnaires, l'agence ne compterait plus qu’une petite centaine d’employés. Elle publiait en plusieurs langues, y compris en français. Pour l’heure, le site internet reste inaccessible, mais les dépêches du nouveau gouvernement sont diffusées sur les réseaux sociaux de l’agence.
Les nouveaux maîtres de la Syrie ont la volonté de restructurer tout l'appareil étatique, de l'armée en passant par la santé, l'éducation et l'audiovisuel. Pour ce chantier, Damas compte sur l'ouverture du pays et les investissements étrangers.