Zelensky aux États-Unis : cette visite qui pourrait tourner à la Bérézina diplomatique

Zelensky aux États-Unis : cette visite qui pourrait tourner à la Bérézina diplomatique© Sean Kilpatrick Source: AP
Volodymyr Zelensky lors d'une réunion bilatérale avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau, lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège des Nations Unies à New York, le 24 septembre 2024 (photo d'illustration).
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Volodymyr Zelensky, qui avait critiqué dans la presse américaine le candidat républicain à la Maison Blanche et son colistier, a été la cible d'une violente charge de Donald Trump. Par ailleurs, le président de la Chambre des représentants a exigé du dirigeant ukrainien qu’il limoge son ambassadrice après un déplacement polémique en Pennsylvanie.

Volodymyr Zelensky est-il parvenu à se mettre à dos le potentiel futur président des États-Unis, premier soutien de Kiev dans le conflit l’opposant à la Russie ? Alors qu'il devait rencontrer Donald Trump cette semaine, l’équipe de campagne du milliardaire a fait savoir aux médias ces derniers jours qu’il ne donnerait très probablement pas suite. Depuis, à l’occasion d’un discours le 25 septembre, l’ancien président américain s’est adonné à une violente charge contre le locataire du Palais Mariinsky.

«Ces villes ont disparu [...] et nous continuons à donner des milliards de dollars à un homme qui a refusé de conclure un accord, Zelensky», a asséné Donald Trump depuis Mint Hill, en Caroline du Nord. «Il n’y avait aucun accord qu’il aurait pu conclure qui n’aurait pas été meilleur que la situation que vous avez en ce moment. Vous avez un pays qui a été anéanti, impossible à reconstruire», a poursuivi le candidat républicain.

«Chaque fois qu’il est venu dans notre pays, il est reparti avec 60 milliards de dollars, je pense que c’est le meilleur commercial de la planète», a-t-il par ailleurs ironisé. «Que vous reste-t-il maintenant ?», a lancé Donald Trump. «Le pays est complètement anéanti.»

Présidentielle américaine : l’ambassadrice ukrainienne accusée d’«ingérence» par Mike Johnson

Par ailleurs, du côté du Congrès des États-Unis, le président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson (Louisiane), a «exigé» du dirigeant ukrainien qu’il démette «immédiatement» de ses fonctions son ambassadrice à Washington.

Dans un courrier daté du 25 septembre et adressé directement à Volodymyr Zelensky, Mike Johnson a désigné Oksana Markarova comme l’organisatrice d’une visite de l’homme d’État ukrainien le 22 septembre à Scranton, en Pennsylvanie. Un État pivot où Zelensky a, en compagnie du gouverneur Josh Shapiro et du sénateur Bob Casey – tous deux démocrates –, visité une usine de munitions, l'une des rares à fabriquer des obus de 155 mm, une munition d’artillerie dont l'Ukraine a déjà reçu trois millions d’exemplaires des États-Unis, a souligné l’agence Associated Press.

«La visite était clairement un événement de campagne partisan conçu pour aider les démocrates et constitue clairement une ingérence électorale», a accusé l'élu républicain, soulignant que cette rencontre organisée par un «représentant de Kamala Harris» n’incluait «aucun républicain car – volontairement – ​​aucun républicain n’avait été invité». Josh Shapiro était pressenti pour être le colistier de Kamala Harris.

«Cette décision à courte vue et intentionnellement politique a amené les républicains à perdre confiance dans la capacité de l’ambassadrice Markarova à servir de manière juste et efficace en tant que diplomate dans ce pays», a-t-il poursuivi.

Zelensky en Pennsylvanie : une enquête ouverte par la Chambre des représentants

«C'est le comble de la stupidité et de l'arrogance de la part de Zelensky de s'immiscer dans nos élections et de faire campagne pour des candidats», a fustigé le sénateur républicain Eric Schmitt (Missouri) sur X (ex-Twitter). «En tant qu'Américains, ce sont nos élections et nous n'avons pas besoin de dirigeants étrangers sur le sol américain qui interviennent et prennent parti», a-t-il ajouté, en réaction à un article de Politico revenant sur cette polémique.

«Zelensky fait ouvertement campagne pour les démocrates en Pennsylvanie, un champ de bataille aujourd'hui, à environ 50 jours de notre élection présidentielle. C'est irréel», avait-il dénoncé le 23 septembre.

Quelques heures avant que Mike Johnson ne rende cette lettre publique sur les réseaux sociaux, le président de la Commission de surveillance et de responsabilité de la Chambre, le républicain James Comer (Kentucky), annonçait avoir lancé une enquête sur ce déplacement de Volodymyr Zelensky en Pennsylvanie accusant l'administration Biden d'«utilisation abusive» de l'argent du contribuable américain à des fins électorales.

Dans une interview à la presse américaine, Zelensky critique Trump et son colistier

Par ailleurs, dans sa lettre, Mike Johnson a tenu à rappeler à Volodymyr Zelensky que «toutes les nations étrangères devraient éviter de donner leur avis ou d’interférer dans la politique intérieure américaine». 

«Nos relations sont inutilement mises à l’épreuve et inutilement ternies lorsque les candidats à la tête du ticket républicain sont pris pour cible dans les médias par des responsables de votre gouvernement», a encore estimé le président de la Chambre des représentants, lequel a rappelé que le soutien à la fin de la guerre de la Russie contre l’Ukraine continuait d’être «bipartisan».

À l’origine de la colère du camp républicain, selon la presse américaine, une interview de Volodymyr Zelensky accordée au New Yorker et parue le 22 septembre, dans laquelle l’homme politique ukrainien avait qualifié le sénateur James David Vance (Ohio) de «trop radical», en raison de ses positions sur son pays. Estimant «inacceptable» l’«idée que le monde devrait mettre fin à cette guerre aux dépens de l’Ukraine», Volodymyr Zelensky a suggéré au colistier de Donald Trump d’étudier «l’histoire de la Seconde Guerre mondiale».

Enfin, concernant le candidat à la Maison Blanche lui-même, qui déclare depuis des mois qu’il mettra fin au conflit en Ukraine s’il est élu, Zelensky a déclaré avoir «le sentiment que Trump ne sait pas vraiment comment arrêter la guerre, même s’il pense le savoir».

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