Georges Abdallah libéré après quarante ans : un prisonnier politique bientôt rapatrié au Liban

La cour d'appel de Paris a ordonné, le 17 juillet, la libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais pro-palestinien emprisonné depuis 1984 pour complicité dans l'assassinat de diplomates à Paris. Il sera expulsé vers le Liban le 25 juillet, mettant fin à l'une des plus longues incarcérations politiques en Europe.
Après quatre décennies de détention, la justice française a validé la libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, 74 ans, figure historique de la gauche radicale libanaise et défenseur de la cause palestinienne. Le 17 juillet, la cour d’appel de Paris a rendu sa décision lors d’une audience à huis clos, en l’absence de l’intéressé, toujours détenu à la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées).
Condamné à la réclusion à perpétuité en 1987 pour complicité dans les assassinats, en 1982, d’un diplomate israélien et d’un attaché militaire américain à Paris, Abdallah est l’un des plus anciens prisonniers politiques en Europe. Incarcéré depuis 1984, il était libérable depuis 1999, mais ses multiples demandes de remise en liberté ont été systématiquement rejetées.
Prévue pour le 25 juillet, sa libération est subordonnée à une expulsion définitive vers le Liban. Selon plusieurs sources, il sera escorté jusqu’à l’aéroport de Tarbes, puis transféré à Roissy pour embarquer à destination de Beyrouth. Les autorités libanaises, qui réclament son rapatriement depuis des années, ont confirmé leur accord.
Une affaire éminemment politique
Son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, a salué « une victoire judiciaire », tout en dénonçant « un scandale politique » : « Il aurait dû être libéré depuis longtemps, si les États-Unis et les présidents français successifs n’avaient pas entravé le processus ». En tant que partie civile, les autorités américaines se sont systématiquement opposées à chacune de ses demandes de libération.
En novembre 2023, le tribunal d’application des peines avait déjà rendu une décision favorable à sa libération, immédiatement suspendue par un appel du parquet antiterroriste.
En février dernier, la cour d’appel s’était également dite favorable, mais avait exigé un « effort conséquent » d’indemnisation des victimes. Refusant de se considérer comme un criminel, Georges Abdallah avait longtemps rejeté cette condition. Son avocat a finalement informé la justice, en juin, que 16 000 euros avaient été versés sur son compte à disposition des parties civiles.
Symbole de la lutte palestinienne
Militant marxiste, ancien dirigeant des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), Georges Abdallah n’a jamais reconnu une responsabilité directe dans les assassinats de 1982, qu’il qualifie d’« actes de résistance » contre l’occupation israélienne du Sud-Liban et l’ingérence américaine dans la région. Son organisation n’a plus revendiqué aucune action armée depuis 1984, et la cour d’appel a estimé en février qu’il représentait aujourd’hui « un symbole passé de la lutte palestinienne ».
Devenu dans les années 1980 une cible des services occidentaux, notamment à la faveur d’amalgames avec les attentats de Paris (1985-1986), il a été frappé d’une réputation durable d’« ennemi public ». Ces attaques ont ensuite été attribuées à d’autres réseaux.
Aujourd’hui âgé de 74 ans, soutenu par une frange militante fidèle, Georges Abdallah souhaite finir ses jours dans son village natal du nord du Liban. La décision de la cour d’appel pourrait encore faire l’objet d’un pourvoi, mais celui-ci ne serait pas suspensif.