Québec : François Legault mise sur l’UE et la France face aux tarifs de Trump

En visite à Paris, le Premier ministre québécois François Legault a appelé à resserrer les liens économiques avec la France et l’Union européenne, afin de réduire la dépendance aux États-Unis, dans un contexte marqué par les droits de douane imposés par Donald Trump.

En visite officielle à Paris le 13 juin, le Premier ministre du Québec, François Legault, a rencontré son homologue français, François Bayrou, pour renforcer la coopération économique entre le Québec et la France.

Cette démarche s’inscrit dans un contexte marqué par les droits de douane imposés par l’administration Trump, notamment sur l’aluminium et l’acier, secteurs clés où le Québec fournit 60 % des besoins américains. « Les trois quarts de nos exportations vont aux États-Unis, c’est énorme. On doit se diversifier », a déclaré Legault au Figaro, soulignant l’urgence de réduire la dépendance envers le marché américain.

Vers plus d’échanges entre Québec et Paris

Lors de leur entretien à Matignon, Legault et Bayrou ont signé une déclaration conjointe visant à intensifier les échanges commerciaux et industriels. Ils prévoient d’organiser des forums d’affaires pour connecter les entreprises québécoises, comme Bombardier, à des partenaires français tels que Safran ou Thales, dans des secteurs stratégiques comme l’aéronautique, la défense, l’intelligence artificielle et les minéraux critiques. « Il faut doubler, voire tripler les échanges avec la France », a insisté Legault, voyant dans la politique protectionniste de Trump une opportunité pour pivoter vers l’Europe.

Le Québec, riche en lithium et en terres rares, mise sur ces ressources pour séduire les investisseurs européens, notamment dans le cadre de la transition énergétique et des budgets militaires croissants de l’UE. La visite de Legault au Salon du Bourget et à VivaTech, où le Canada était à l’honneur, a permis de promouvoir l’aéronautique et l’innovation québécoises, avec des contrats comme celui entre Cambli et Soframe pour 1 000 plateformes militaires.

François Legault, qui s’identifie à la « troisième voie » centriste défendue par Bayrou, a aussi évoqué des défis communs, comme le coût de la vie, renforçant les affinités entre les deux leaders quelques semaines après l’élection présidentielle canadienne. Cette coopération s’inscrit dans la continuité des rencontres alternées Québec-France, comme celle d’avril 2024 avec Gabriel Attal.

Face à Donald Trump, François Legault, défenseur de la langue française face à l’anglais, rejette l’idée d’une sécession québécoise, préférant une stratégie économique unie avec le Canada et l’Europe. « Si de Gaulle était là, il serait content qu’on prenne nos distances avec les États-Unis », a-t-il lancé, tout en plaidant pour une collaboration accrue avec la France pour défendre la langue et les valeurs communes.