France : les députés approuvent l’«aide à mourir»

L’Assemblée nationale a adopté ce 27 mai, en première lecture, la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir. Un vote marqué par un fort clivage droite – gauche, ses partisans prônant une nouvelle liberté, ses détracteurs dénonçant un texte incarnant un renoncement aux soins, socialement inégalitaire et passible de mener à des dérives.
305 pour, 199 contre et 57 abstentions, tel est le résultat du vote qui s’est tenu dans l’après-midi de ce 27 mai au Palais Bourbon, où les députés ont ainsi approuvé en première lecture la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir.
Un « moment historique», s’est réjoui sur X le député Les Démocrates Olivier Falorni ayant porté le texte, arguant d’une « très grande avancée républicaine » portant « en son cœur la liberté, l’égalité et la fraternité ».
« Il est des jours dont on sait qu’on ne les oubliera jamais » a-t-il conclu. Pour sa part, le président français a salué une « étape importante », également dans un message posté sur le réseau social américain.
À l’Assemblée, ce vote a été marqué par une forte approbation du texte au sein des rangs de la gauche et des macronistes et par un rejet du côté des Républicains les Rassemblement national. Du côté de la gauche, les élus ont présenté un texte qui offrirait une nouvelle « liberté » à ceux qui souffriraient, face à une droite inquiète de potentielles dérives et plaidant pour un meilleur accompagnement des malades en souffrance à travers des soins palliatifs.
Pour ceux à qui « la médecine ne suffit plus »
« Ce texte ne crée aucune obligation » souligne pour sa part le député LFI Sylvain Carrière, dans un Tweet relayant le résultat du vote et évoquant un « droit nouveau, encadré, médicalisé, humain ». « Est-on libre quand on est dépressif ? Les psychiatres savent que non » avait lancé depuis la tribune de l’Assemblée nationale le député Les Républicains (LR) Philippe Juvin.
« Est-ce qu’on est libre de ses choix lorsqu’on est pauvre et qu’on ne peut pas se payer les médicaments non remboursés et les aides humaines, et matérielles ? » avait déclaré ce médecin, avant d’asséner : « oui, la fin de vie est plus pénible lorsqu’on est pauvre et seul que lorsqu’on est riche et entouré ! ». « Quand il y a une demande à mourir qui nous arrive, quand vous apportez des solutions, en fait les demandes à mourir disparaissent » avait-il déclaré au micro de LCP, avant d’entrer dans l’hémicycle, estimant que l’« on a visé à côté » et soulignant qu’en France « une personne sur deux n’a pas accès aux soins palliatifs ».
« Cela doit évidemment changé » a déclaré pour sa part le député Renaissance Pieyre-Alexandre Anglade, favorable à ce texte qui selon lui apporte une « réponse humaine » à ceux pour qui « la médecine ne suffit plus » et subissent « des souffrances insupportables ». « Aujourd’hui certaines personnes en fin de vie partent seules, en cachette à l’étranger, d’autres subissent une agonie interminable malgré les soins » a déclaré dans une vidéo postée sur X le député Rassemblement national (RN) Alexis Jolly qui a voté en faveur d’une loi qui, selon lui, « reconnait un droit à ne pas souffrir inutilement jusqu’au bout » et « strictement encadrée ».
« C’est une mise à mort »
« Cet amendement est un amendement de persécutions futures » a quant à lui fustigé le député RN Hervé de Lépinau, lors des débats dans l’hémicycle, dénonçant un texte franchissant un « interdit moral multiséculaire » et mettant en garde contre un potentiel « harcèlement» judiciaire à l’encontre de « tous ceux qui voudront continuer à promouvoir les soins palliatifs ».
Ce vote clôture deux semaines de débat à l’Assemblée. Un débat qui ne s’est pas limité au Palais Bourbon. « Ce sont les mêmes forces qui ont exigé la suppression de la peine de mort qui maintenant exigent l’euthanasie » a ainsi souligné, sur Youtube, l’ancien candidat à la présidentielle et président de l’Union populaire Républicaine François Asselineau, fustigeant une « mise à mort ».
« On a une société qui va préserver la vie à tout prix : la vie de criminels […] et à contrario une bonne mamie […] en fin de vie, elle perd un peu la tête, allez hop on la liquide ! » a-t-il ajouté. « La logique financière et l’idéologie de mort gagnent ! » a de son côté réagi le président des Patriotes Florian Philippot, rappelant que la proposition de loi doit encore passer devant le Sénat.
Selon ce texte, tel qu’actuellement rédigé, pour accéder à cette « aide à mourir », le malade devra être majeur, de nationalité française ou résident régulier et stable en France et « être atteint d’une affection grave et incurable, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale ». Il devra également présenter une souffrance physique ou psychologique « constante réfractaire aux traitements […] ou insupportable » et être « apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée ».