Emmanuel Macron prône la suppression de la directive européenne sur le devoir de vigilance

Lors du sommet Choose France, Emmanuel Macron a appelé à supprimer la directive CS3D sur le devoir de vigilance, dénonçant des contraintes excessives pour les entreprises européennes face à la concurrence mondiale, en écho au chancelier allemand Friedrich Merz.
Lors du sommet Choose France, le 19 mai, Emmanuel Macron a créé la surprise en se prononçant pour la suppression de la directive européenne sur le devoir de vigilance (CS3D), adoptée en 2024. Cette directive impose aux grandes entreprises de contrôler les impacts environnementaux et sociaux de leurs chaînes de production, y compris chez leurs fournisseurs.
À Versailles, aux côtés de plus de 200 dirigeants de grands groupes étrangers pour leur dire avec conviction : choisissez la France ! pic.twitter.com/RfSUEEywj8
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 19, 2025
Pour le président français, ces règles freinent la compétitivité européenne face à des acteurs mondiaux, notamment chinois, soumis à des normes moins strictes. « Il faut aller vite et fort si nous voulons revenir dans la course », a-t-il martelé, plaidant pour une simplification drastique des normes.
Un alignement sur le chancelier allemand
Emmanuel Macron s’aligne ainsi sur la position du chancelier allemand Friedrich Merz, qui, le 9 mai, avait également appelé à l’abandon de cette directive, estimant qu’un simple report de son application de 2027 à 2028 était insuffisant. « La CS3D et d’autres régulations ne doivent pas être repoussées d’un an mais écartées », a insisté le président français, soulignant une convergence franco-allemande sur la lutte contre la bureaucratie. Cette posture répond aux attentes des patronats français et allemand, qui dénoncent depuis longtemps des contraintes réglementaires excessives.
Le président a pointé du doigt l’asymétrie entre les exigences européennes et les pratiques de concurrents internationaux. Il a notamment critiqué l’ouverture des marchés européens à des entreprises, notamment chinoises, « pratiquant des standards moins élevés », tout en évoquant la « politique agressive » de l’Inflation Reduction Act américain, qui subventionne massivement les industries vertes aux États-Unis. Selon le chef de l’Etat, l’Europe doit réagir rapidement pour rester compétitive, une urgence que la Commission européenne commence à peine à prendre en compte.
Cette prise de position a suscité des réactions contrastées. Les milieux économiques saluent une démarche favorable à l’investissement, mais les ONG environnementales et sociales dénoncent un « détricotage » des avancées du précédent mandat de la Commission. Pour elles, la suppression de la CS3D compromettrait les efforts pour garantir le respect des « droits humains » et la protection de l’environnement dans les chaînes d’approvisionnement.
Ce débat illustre les tensions entre compétitivité économique et ambitions écologiques qui animent le paysage politique européen, alors qu’Emmanuel Macron et Friedrich Merz cherchent à repositionner l’Europe dans un contexte de baisse de l’attractivité de l’Occident européen pour les investisseurs.