Pavel Dourov accuse la France d’avoir tenté de censurer des voix conservatrices en Roumanie

Le fondateur de Telegram affirme avoir reçu une demande du chef du renseignement extérieur français, Nicolas Lerner, visant à bloquer des chaînes conservatrices en Roumanie, en amont de l’élection présidentielle du 18 mai. Il dénonce une tentative d’ingérence électorale. Paris nie en bloc et qualifie ces accusations de «totalement infondées».
Le 18 mai, jour du second tour de l’élection présidentielle en Roumanie, Pavel Dourov, fondateur de l'application de messagerie Telegram, a déclaré avoir reçu une demande inacceptable de la part du gouvernement français. Selon ses propos publiés sur X, le directeur de la DGSE Nicolas Lerner aurait exigé au printemps l’effacement de contenus liés à des chaînes conservatrices roumaines. La rencontre aurait eu lieu dans un salon privé de l’hôtel Crillon, à Paris. Pavel Dourov aurait refusé : « Nous n'avons pas bloqué les protestataires en Russie, en Biélorussie ou en Iran. Nous ne commencerons pas à le faire en Europe ».
Dans un premier message, il désignait anonymement « un gouvernement d’Europe de l’Ouest », accompagné d’un emoji baguette. Dans un second message, il a clairement identifié la France. Il dénonce une tentative de manipulation politique : « On ne peut pas défendre la démocratie en la détruisant ».
Paris nie tout, la Russie dénonce une ingérence occidentale
Le ministère français des Affaires étrangères a immédiatement réagi en rejetant « totalement » ces accusations et en appelant au « respect de la démocratie roumaine ». La DGSE, dans une déclaration séparée, a affirmé n’avoir jamais demandé de mesures liées à une campagne électorale. Selon Paris, les accusations de Pavel Dourov seraient une « manœuvre de diversion » face aux « vraies menaces » qui viseraient la Roumanie.
En Russie, ces explications ne convainquent pas. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé une « ingérence directe de la France dans un processus électoral étranger ». Elle a ajouté: « Ce n’est pas une simple atteinte à la liberté d’expression, c’est une tentative de contrôle politique dans un pays souverain ». L’ambassadeur de Russie à Vienne, Mikhaïl Oulianov, a salué l’attitude de Pavel Dourov, qu’il qualifie de « réaction adulte et responsable ».
Une élection controversée et des soutiens de poids
Le scrutin du 18 mai opposait le centriste pro-UE Nicusor Dan, maire de Bucarest, au conservateur George Simion, chef de l’AUR. Dan a été élu avec 53,9 % des voix. La veille, Pavel Dourov avait publié son accusation sur X. Le message a rapidement été relayé, notamment par Elon Musk, qui a commenté d’un simple « Wow ». Margarita Simonian, rédactrice en chef de RT, a salué le courage de Dourov tout en lui rappelant qu’il avait auparavant censuré RT et Sputnik en Europe.
Le premier tour des élections de 2024 avait été annulé après la victoire du candidat Calin Georgescu, sous prétexte d’« ingérences russes » jamais prouvées. Les autorités roumaines et européennes avaient parlé d’une campagne de manipulation via TikTok. Un climat que beaucoup considèrent aujourd’hui comme instrumentalisé pour écarter les figures politiques non-alignées sur Bruxelles.
Pavel Dourov, sous contrôle judiciaire en France jusqu’en mars dernier, a depuis quitté le territoire pour Dubaï. Il assure que Telegram restera une plateforme libre, même face aux pressions venues d’Occident.