«Beaucoup en Europe veulent que la guerre ne s’arrête pas», confie Thierry Mariani à RT

Dans un entretien à RT en français, Thierry Mariani dénonce l’hypocrisie de nombreux responsables européens face à la guerre en Ukraine. Selon lui, loin de vouloir la paix, certains cherchent à prolonger le conflit pour en tirer profit, notamment en renforçant le projet d’une armée européenne.
Dans son passage à La Grande Interview de RT en français, Thierry Mariani, eurodéputé du Rassemblement National et ancien ministre, a livré une lecture très critique de l’attitude des Européens face à la guerre en Ukraine. Selon lui, derrière les appels apparents à la paix, nombreux sont ceux à Bruxelles qui n’ont aucun intérêt à ce que le conflit cesse. Au contraire, ils y trouvent même une opportunité.
Mariani dénonce ce qu’il appelle une « somptueuse hypocrisie » des responsables européens qui, tout en réclamant un cessez-le-feu, ne proposent aucun plan de paix crédible. Il fustige notamment l’absence de stratégie politique au-delà de la simple répétition des exigences de Zelensky – comme le retrait de la Russie de la Crimée ou la création d’un tribunal international contre Vladimir Poutine – qu’il juge irréalistes et contre-productives. Pour lui, ces exigences témoignent d’un refus implicite de toute négociation sérieuse et traduisent une volonté de prolonger indéfiniment le conflit.
Revenant sur les accords de Minsk, Mariani rappelle qu’ils furent signés sous l’égide de la France et de l’Allemagne, mais jamais appliqués. Pire : selon lui, les révélations postérieures de Merkel et de Porochenko, indiquant que ces accords n’étaient qu’un moyen de « gagner du temps » pour réarmer l’Ukraine, ont durablement décrédibilisé toute tentative de médiation occidentale.
« La paix ne les intéresse pas, ils veulent une armée européenne »
Ce climat de méfiance se double, selon Mariani, d’un projet idéologique assumé à Bruxelles : celui de tirer profit de la guerre pour accélérer l’intégration militaire de l’Union européenne. Il cite à cet égard un discours récent de Manfred Weber, président du Parti populaire européen, appelant à rendre l’armée européenne aussi « inéluctable » que l’euro. « La guerre devient un levier de centralisation et de puissance », déplore Thierry Mariani, pour qui certains dirigeants européens voient dans le chaos une chance de renforcer l’architecture bruxelloise.
Face à cette instrumentalisation du conflit, Mariani appelle à renouer avec une véritable logique de paix, inspirée selon lui par la tradition diplomatique française de la cohabitation avec la Russie, de De Gaulle à Chirac. Il plaide pour une Ukraine neutre, un règlement diplomatique réaliste et des garanties mutuelles de sécurité. Il soutient l’idée d’une médiation par un pays non membre de la CPI, comme la Turquie, où Poutine pourrait participer aux discussions sans risque d’arrestation.
Enfin, Thierry Mariani remet en cause la légitimité démocratique de l’Ukraine actuelle, évoquant la suppression de l’opposition et l’absence d’élections, et souligne que la prolongation de la guerre retarde toute remise en question interne du pouvoir ukrainien.
Pour l’ancien ministre, la paix ne viendra pas des gesticulations bruxelloises, mais d’une volonté sincère de compromis des élites européennes – volonté qu'il remet en question.