Économie : la France confrontée à une pénurie d'œufs

La France fait face à une pénurie d'œufs dans les supermarchés et à une hausse des prix. L’œuf reste la protéine la moins chère pour les Français qui en consomment environ 224 par an. Cette situation est notamment liée au marché américain lui-même, impacté par la grippe aviaire.
La France fait face à une pénurie d’œufs qui vide les rayons des supermarchés et fait grimper les prix, notamment pour l’industrie agroalimentaire. Si les professionnels écartent un scénario catastrophe, cette situation, amplifiée par des facteurs locaux et mondiaux, inquiète consommateurs et producteurs.
La filière avicole française, premier producteur européen avec 15 milliards d’œufs par an, peine à suivre une demande en forte hausse. En 2023, chaque Français consommait en moyenne 224 œufs, un record dopé par l’inflation : face à la viande devenue hors de prix, l’œuf reste la protéine la moins chère. Cette tendance, +4% depuis 2022, s’est accentuée en 2025, notamment avec le Ramadan, période de forte consommation d’œufs.
La France impactée par les États-Unis
La transition vers des élevages alternatifs (plein air, bio), exigée par la législation et les attentes sociétales, réduit la productivité : finis les cages, place à des poulaillers plus coûteux à construire, freinant la réponse à la demande.
La grippe aviaire, qui a décimé 13,2 millions de poules aux États-Unis depuis décembre 2024, a des répercussions indirectes. Là-bas, les prix ont explosé – une boîte de 30 œufs dépasse 19 euros –, incitant certains Français à stocker par peur d’une contagion de la crise. En France, bien que le virus soit sous contrôle depuis février, les importations, qui représentent 10% du marché, subissent cette tension mondiale.
Résultat : sur le marché spot, hors contrats annuels avec la grande distribution, les prix des œufs industriels ont atteint des sommets, à 15,9 euros/100 œufs mi-mars.
Dans les supermarchés, la loi Egalim limite les hausses, mais les industriels – quiches, pâtisseries – absorbent des coûts en hausse (+60 centimes/kg pour les œufs liquides). Pour les consommateurs, pas de flambée immédiate, mais des ruptures ponctuelles : 12% des stocks manquent en magasin, contre 8% l’an dernier. La pénurie pourrait durer, avertit le SNIPO (Syndicat national des industriels et professionnels de l’œuf), sans solution rapide en vue.