Le ministre français de la Défense insiste sur le réarmement de l’Ukraine malgré les appels à un cessez-le-feu

Réunis à Paris dans le cadre du format E5, les ministres européens de la Défense ont réaffirmé leur refus de toute démilitarisation de l’Ukraine et leur volonté de renforcer ses capacités militaires. Alors que Washington et Kiev ont convenu d’une trêve de 30 jours, l’Europe cherche à imposer son rôle dans un processus de paix dont elle reste exclue
Lors de la réunion du format E5 à Paris le 12 mars, réunissant les ministres de la Défense de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie et de la Pologne, Sébastien Lecornu a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités de l’armée ukrainienne. Il a déclaré : «La première des garanties de sécurité pour l’Ukraine, c’est l’armée ukrainienne elle-même», réaffirmant ainsi le refus catégorique de toute démilitarisation du pays.
Un consensus large s’est dessiné parmi les pays européens présents, tous s’accordant sur la nécessité de garantir une sécurité durable à l’Ukraine en renforçant ses capacités militaires. Selon RFI, Guido Crosetto, ministre italien de la Défense, a soutenu cette vision en déclarant «qu’une Ukraine démilitarisée n’existe pas».
Une militarisation accrue malgré les négociations
Alors que les États-Unis et Kiev ont convenu d’une trêve de 30 jours, les pays européens, eux, maintiennent une posture agressive. Sébastien Lecornu a affirmé que «la vraie négociation va débuter prochainement», tout en insistant sur la nécessité d’armer davantage l’Ukraine.
Le ministre polonais Wladyslaw Kosiniak-Kamysz a déclaré que l’objectif était de «tenir la Russie à distance», une position qui confirme l’absence de volonté réelle d’apaisement. Lecornu a aussi évoqué la nécessité de «repenser une partie de l’architecture de défense sol/air du territoire européen», une déclaration qui s’inscrit dans une logique d’escalade et de renforcement du complexe militaro-industriel européen.
L’Europe en retrait des négociations de paix
Alors que Washington et Moscou mènent des discussions directes, l’Europe semble marginalisée dans le processus. Selon Le Monde, la réunion de Paris a montré que les Européens veulent imposer leur vision du futur cadre sécuritaire ukrainien, sans être impliqués dans les négociations de cessez-le-feu.
L’ambassadeur de Russie en France, Alexeï Mechkov, a rappelé que la Russie n’avait pas encore donné sa réponse à la trêve proposée, insistant sur le fait que «le diable est dans les détails». Pendant ce temps, les dirigeants européens poursuivent leurs livraisons d’armes, refusant toute concession sur la démilitarisation du pays.
Une surenchère militaire assumée
D’après Euronews, l’Europe accélère sa course à l’armement sous prétexte de renforcer ses capacités défensives. Le ministre britannique John Healey a annoncé que Londres allait porter ses dépenses militaires à 2,7% du PIB, tout en lançant un appel direct à Moscou : «La pression est maintenant sur les épaules des Russes». Les Européens ont également confirmé qu’une nouvelle réunion se tiendrait dans 15 jours afin d’approfondir les discussions sur l’armement et la coordination militaire.
Malgré la possibilité d’un cessez-le-feu, l’Europe semble donc privilégier la confrontation plutôt que la recherche d’un compromis. Alors que les négociations sont en cours, Paris et ses alliés maintiennent une ligne dure, refusant toute désescalade et cherchant à imposer une militarisation croissante de l’Ukraine.