Explosion des violences sexuelles dans les transports en commun en France

Explosion des violences sexuelles dans les transports en commun en France© Wiki commons
Un métro parisien sur la ligne 6 à la station Pasteur.
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Une étude de l’Observatoire national des violences faites aux femmes publiée le 10 mars met en lumière l’explosion des violences sexuelles dans les transports en commun en France. Celles-ci ont augmenté de 86 % depuis 2016 et touchent particulièrement les femmes.

«Les femmes sont toujours les principales cibles des violences sexistes et sexuelles dans ces espaces puisqu’elles représentent 91 % des victimes dans les transports en commun». La lettre de l’Observatoire national des violences faites aux femmes publié le 10 mars fait état d’une hausse fulgurante des violences sexuelles en France au cours des dix dernières années avec une augmentation de 86 % touchant majoritairement des femmes de moins de 30 ans.

 

Des chiffres en hausse permanente

 

En 2024, 3 374 victimes ont été recensées par les forces de l’ordre, soit une hausse des agressions de 6 % par rapport à 2023 et de 9 % par rapport à 2022. Ce fléau s’inscrit dans un contexte où l’espace public, et particulièrement les transports, est devenu un lieu d’insécurité majeur.

Les chiffres sont éloquents : 75 % des victimes ont moins de 30 ans, dont 36 % sont mineures. En Île-de-France, où 44 % des cas sont concentrés, une enquête de la Régie autonome des transports parisiens  (RATP) révèle que sept femmes sur dix ont subi des violences sexuelles dans les transports au cours de leur vie. «Les agresseurs auxquels on pense toujours, ce sont les exhibitionnistes et les frotteurs», explique dans la lettre Manon Marguerit, chercheuse en urbanisme à l’Université Gustave-Eiffel. Elle souligne que «l’enfermement, la saturation des corps et l’impossibilité de fuir» favorisent ces actes. Mais les violences ne s’arrêtent pas là : insultes, regards insistants et attouchements, souvent banalisés, laissent aussi des séquelles profondes.

La diversité des agressions est frappante. Selon l’étude, 39 % des victimes rapportent des outrages sexistes, 19 % du harcèlement sexuel, 15 % des agressions sexuelles, 13 % des exhibitions et 6 % des viols ou tentatives de viol. Roxana Maracineanu, secrétaire générale de la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains, la Miprof, insiste de son côté: «Si la plupart des violences faites aux femmes sont commises par leur entourage proche, les transports en commun restent un lieu où elles s’exposent dès qu’elles l’investissent.» Cette insécurité pousse 56 % des femmes interrogées par la RATP à se sentir mal à l’aise dans le réseau ferré francilien, et 80 % à rester constamment en alerte.

Face à cette situation, des progrès sont notables. En dix ans, l’intervention des témoins a doublé : 23 % des victimes ont été aidées en 2024, contre 10 % en 2016. Pourtant, seules 7 % portent plainte, un chiffre qui interroge sur l’efficacité des dispositifs existants. Les numéros d’assistance (3117, 31177) et les bornes d’appel, bien que connus, ne sont utilisés que par 12 % des usagers. Des initiatives comme les arrêts à la demande dans les bus émergent, mais leur impact reste limité.

«Qu’une femme modifie ses horaires ou ses trajets par peur d’être agressée doit nous interroger sur la liberté d’accès au service public des transports», alerte Roxana Maracineanu. Cette explosion des violences sexuelles met en évidence la dégradation sécuritaire en France alors que les prisons du pays sont toujours dans une situation de surpopulation.

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