«La France doit rester un pays d’immigration» : quand le ministre de l’Économie contredit son collègue de l’Intérieur...

«La France doit rester un pays d’immigration» : quand le ministre de l’Économie contredit son collègue de l’Intérieur...© RS
Éric Lombard, ministre français de l’Économie (photo d'archives)
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Les contradictions au sein du gouvernement Bayrou n’en finissent pas quand il s’agit de questions migratoires. Alors que Bruno Retailleau estime que «l'immigration n'est pas une chance pour la France», Éric Lombard juge, lui, que «la France doit rester un pays d’immigration». Et entre les deux, les Français ne savent plus sur quel pied danser.

Les questions liées à l’immigration créent des divisions au sein du gouvernement de François Bayrou. Le 26 janvier, le ministre français de l’Économie et des Finances, Éric Lombard, a ainsi estimé que l'Hexagone devait «bien sûr» rester un pays d’immigration, en totale contradiction avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a estimé que l’immigration n’était «pas une chance pour la France».

Alors que ce dernier s’emploie à resserrer les critères de régularisation et qu’il estime que l'immigration n'est pas profitable pour le pays, Lombard juge que la France doit l'encourager, notamment pour des raisons économiques. Il faudrait «remplir les jobs dans les entreprises, les usines, à l'hôpital».

Le 23 janvier, Retailleau avait pourtant signé une nouvelle circulaire destinée aux préfets visant à réduire le nombre de régularisations des sans-papiers. Ce texte durcit les consignes de la précédente circulaire Valls en matière de droit de séjour en France, datant de 2012. Les nouvelles directives fixées par le ministère de l'Intérieur durcissent l'accès à un titre de séjour après une arrivée illégale en France.

«Appréciations différentes»

«On peut avoir à l'intérieur d'un gouvernement des appréciations différentes […]. Ce n’est pas ma vision de l’immigration», a assuré le ministre de l’Économie et des Finances confirmant le désaccord au sein même du gouvernement autour de cette question à un moment où son collègue de l’Intérieur fait valoir que «la pression migratoire» s'est accrue depuis 2012 pour justifier sa récente circulaire.

«C'est une circulaire de fermeté : il faut impérativement lutter contre l'immigration irrégulière», avait assuré Bruno Retailleau en présentant ses nouvelles consignes plus strictes qui n’ont pas manqué de susciter des remous tant à gauche qu’à droite.

«C'est un affront à nos valeurs républicaines. C'est un boulevard offert aux idées et aux politiques du RN», avait réagi la députée LFI Claire Lejeune, tandis que le Rassemblement national a rejeté la nouvelle circulaire, la qualifiant de «faux dur» et appelant à refuser le principe même des régularisations des sans-papiers.

Dans le camp macroniste, la circulaire n'a pas non plus été accueillie très chaleureusement. En supprimant les critères de régularisation exceptionnelle, «cela risque de maintenir dans l'illégalité de nombreux étrangers parfaitement intégrés et respectueux des valeurs de la République», a regretté la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

Le texte précédent – la circulaire Valls – permettait de régulariser environ 30 000 personnes par an et laissait une marge d'appréciation aux préfets pour accorder des titres de séjour.

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