Censure : François Bayrou dans les mains de la gauche... et du RN
Après son discours de politique générale du 14 janvier, le sort du gouvernement Bayrou semble plus que jamais dans les mains de la gauche mais également du RN. En dépit de concessions sur les retraites, les partis du NFP demeurent menaçant.
«À ce stade, je vous dis que nous censurerons sauf si nous avons une réponse claire et si nous avons la possibilité de dire "oui, le débat est un débat sincère"». Le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure n’a pas complètement enterré la hache de guerre.
Après d’âpres négociations et un discours de politique générale de François Bayrou au cours duquel il a entrouvert la porte à une modification de la réforme des retraites, le chef de file des socialistes a de nouveau conditionné un accord de non censure a davantage d’avancées, notamment concernant les négociations avec les partenaires sociaux et les partis de gauche.
Nous censurerons le gouvernement sauf si nous avons une réponse claire à nos demandes. Nous voulons un débat sincère.
— Olivier Faure (@faureolivier) January 14, 2025
Si François Bayrou veut sortir le pays de la crise politique dans laquelle nous sommes, il doit faire le choix de la démocratie.#Le20hpic.twitter.com/bPSEvFgK4v
Olivier Faure a appelé le Premier ministre a «faire le choix de la démocratie». Il reste 48 heures au chef de l’exécutif pour trouver un terrain d’entente avec les socialistes et leurs alliés. Concernant ces derniers, les écologistes et les communistes semblent aussi envisager la censure tout comme les Insoumis qui n’ont jamais démenti cette intention.
Écologistes et communistes penchent vers la censure, les Insoumis gardent le cap
«Les Écologistes censureront ce gouvernement» a déclaré la secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier a affirmé sur son compte X, réseau social qu’elle a appelé à interdire il y a quelques jours, publiant une vidéo dans laquelle elle déplore l’absence d’écologie dans le discours du Premier ministre.
Les Écologistes censureront ce gouvernement.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) January 14, 2025
Entre autres choses, la faiblesse de ce discours de politique générale en termes d’écologie est une provocation.
Ils n’ont aucune excuse. Aucun alibi. Ils avaient entre les mains nos propositions ⬇ pic.twitter.com/unXJnpdcc5
De son côté, le secrétaire général du Parti communiste Fabien Roussel a déploré sur le plateau de BFM TV : «Nous sommes déçus» et de regretter «le compte n’y est pas» notamment du fait de l’absence d’annonces sur les salaires et le pouvoir d’achat. Il a ainsi affirmé qu'«à ce stade et à cette heure-ci, je pense que s’il n’y a pas d’éclaircissement du Premier ministre, s’il n’y a pas de réponse plus précise sur un tas de questions que nous posons, en l’état actuel des choses, s’il y avait une motion de censure là dans quelques heures nous la voterions majoritairement».
Du côté des Insoumis, qui s’étaient insurgés contre les négociations de leurs alliés avec le gouvernement, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a déclaré à la tribune de l'assemblée : «Monsieur Bayrou, nous vous censurerons et nous en finirons avec la retraite à 64 ans», après la prise de parole du Premier ministre.
🔴🗣 « M. Bayrou, nous vous censurerons et nous en finirons avec la retraite à 64 ans.
— La France Insoumise #NFP à l'Assemblée (@FiAssemblee) January 14, 2025
Car une réforme passée en force et qui frappe dans la chair des millions de gens ne s’amende pas, ne se suspend pas, ne se gèle pas.
Elle s’abroge. » @MathildePanot#CensureBayrou#DirectANpic.twitter.com/aMgIeHha5g
Le fondateur du parti Jean-Luc Mélenchon en a profité pour tancer, sur X, ses alliés socialistes. «Les groupe GDR et écolo votent la censure avec les insoumis et signent ensemble le même texte. Nombre de députés socialistes aussi. La manœuvre de division a échoué» a-t-il écrit. Il s’en est ensuite pris directement au Premier secrétaire du PS: «Donc le groupe PS est le seul du NFP à refuser de voter la censure ? Il faut que Faure sorte de cet isolement qui divise le NFP !».
LR en soutien, le RN fixe à nouveau des lignes rouges
Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a de son côté dénoncé le Premier ministre comme n’étant «pas l'homme de la rupture, mais celui de la continuité molle» et de déplorer une «allocution pour rien». Le RN n’a cependant pas évoqué l’hypothèse d'une motion de censure concernant le discours de politique générale mais est revenu à la charge après les déclarations du ministre François Rebsamen qui a déclaré sur BFM TV «je respecte toutes les forces politiques sauf le RN».
Jordan Bardella a ainsi estimé que «François Bayrou devrait rapidement rappeler à son ministre [...] le respect dû aux 11 millions de Français» et d’ajouter : «L'insulte à leur égard [est] une ligne rouge qu'il vaut mieux ne pas franchir lorsque l'on fait partie d'un gouvernement minoritaire».
Le socialiste @frebsamen déclare ce soir respecter tous les mouvements politiques, « sauf le RN ».
— Jordan Bardella (@J_Bardella) January 14, 2025
François Bayrou devrait rapidement rappeler à son ministre que le respect dû aux 11 millions de Français électeurs du Rassemblement National est l'une de nos principales exigences.…
Les Républicains, qui avaient qualifié la veille de «trahison» un retour sur la réforme des retraites, se sont montrés plutôt ouvert à l’endroit du Premier ministre. Le président du groupe LR à l’Assemblée Laurent Wauquiez a ainsi affirmé sur le plateau de CNews ce 15 janvier qu'il «y avait quand même de bonnes intentions» dans l'intervention de François Bayrou, évoquant notamment la thématique de l'immigration. «Pour moi ça va quand même dans une direction que j’attendais», a-t-il ajouté.