Le secteur automobile mondial freiné par la pénurie de semi-conducteurs

Le secteur automobile mondial freiné par la pénurie de semi-conducteurs© François LO PRESTI Source: AFP
Une chaîne d'assemblage de l'usine Toyota d'Onnaing, le 21 avril 2021 (image d'illustration).
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Les semi-conducteurs font partie des matières premières en situation de pénurie à travers le monde depuis plusieurs mois, ce qui a amené de nombreux constructeurs automobiles à réduire voire arrêter leur production, y compris en France.

Peu connus du grand public mais pourtant indispensables à bon nombre d'objets électroniques, les semi-conducteurs font partie de la liste des matières premières qui sont en pénurie à l'échelle mondiale depuis plusieurs mois. L'industrie automobile est particulièrement touchée par cette crise d'approvisionnement, et de nombreux constructeurs ont dû ralentir voire arrêter temporairement leur production. Des sites situés en France sont concernés, comme l'usine Toyota de Valenciennes ou celle de Peugeot à Sochaux.

Une pénurie due au Covid

Nous les côtoyons sans les connaître : les semi-conducteurs sont les petits «cerveaux» de l'électronique moderne, lui permettant un fonctionnement autonome. Les semi-conducteurs entrent par exemple dans la fabrication des capteurs des climatiseurs et permettent de réguler leur puissance en fonction de la température souhaitée. Nos ordinateurs sont également équipés de plusieurs semi-conducteurs afin d'éviter la surchauffe en déclenchant les ventilateurs intégrés, comme le rappelle Le Journal du Net.

Or, l'économie mondiale est victime depuis plusieurs mois d'une pénurie de ces micro-conducteurs, et celle-ci n'est pas près de s'arrêter : comme le rapporte Le Figaro, le patron du géant américain des semi-conducteurs Intel a estimé le 22 juillet dernier que celle-ci pourrait se prolonger jusqu'en 2023, tandis que le patron de l'équipementier Faurecia et le PDG de Stellantis cités par BFM Business ne voient pas d'amélioration avant la mi-2022.

Cette situation est due à la dégradation de la situation sanitaire liée au Covid-19 en Asie du Sud-Est – où se trouve la majeure partie des sites de production de semi-conducteurs –, mais aussi à l'augmentation massive de l'achat de produits électroniques grand public durant les différents confinements (PlayStation 5, iPhone 12, ordinateurs pour le télétravail...), comme le précise Libération. Le manque de semi-conducteurs touche particulièrement le secteur automobile, à tel point que la production en est lourdement pénalisée.

Plusieurs sites français affectés 

Le groupe automobile Stellantis – résultat de la fusion du groupe français PSA et de Fiat Chrysler Automobiles – a ainsi annoncé le 19 août que deux usines seront mises à l'arrêt dès la semaine du 23 août. Il s'agira d'une fermeture partielle du site historique de Sochaux pendant trois jours et d'un arrêt total d'au moins cinq jours (du 23 au 27 août inclus) du site de Rennes-La Janais, sans qu'une date de reprise n'ait pour l'heure été fixée. Comme le rappelle Libération, ce sont environ 400 véhicules qui sortent chaque jour de ces usines en temps normal, dont des modèles célèbres tels que la Citroën C5 Aircross produite à Rennes ou la Peugeot 3008 à Sochaux. La direction de Stellantis a précisé à l’AFP que cette mise à l’arrêt était liée à un problème d’approvisionnement en raison d'un «fournisseur en Malaisie qui doit fermer en raison de cas Covid». Cette usine malaisienne fournit des pièces pour le calculateur central de ces véhicules.

La crise mondiale des semi-conducteurs a également entraîné le report de la création d'une nouvelle équipe de production à l’usine Stellantis de Mulhouse. Ce décalage de la mise en place d'une deuxième équipe de jour, initialement prévue le 30 août, a été annoncé le 20 août par la direction lors d'un Comité social et économique (CSE) extraordinaire. Aucune nouvelle date de démarrage de cette nouvelle équipe n'a pour le moment été fixée, comme l'a indiqué une porte-parole du site à l'AFP. 

Le 20 août également, le géant automobile Toyota a annoncé la suspension pour deux semaines de la production sur le site d'Onnaing, près de Valenciennes, laquelle avait déjà été suspendue une semaine fin décembre 2020 suite à l'interruption des échanges avec le Royaume-Uni après l'apparition du variant Alpha du coronavirus. «Initialement, la reprise de la production à Onnaing, après les congés d'été, était prévue lundi 23 août, mais nous ne reprendrons que le 6 septembre, suite à un problème d'approvisionnement sur certains composants, lié à la crise du Covid-19», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la direction de ce site en activité depuis 2001. Avant de préciser : «Certains producteurs de semi-conducteurs basés en Asie sont confrontés à la crise sanitaire, contraints de stopper leur production [...] et mettent en difficulté nos fournisseurs européens, qui ont besoin de ces fameux composants pour nous ravitailler. Aujourd'hui, malheureusement, les quantités sont insuffisantes pour nous permettre de produire normalement.» L'usine d'Onnaing – qui produit la Yaris – compte 5 000 collaborateurs, dont 90% affectés à des activités de production. « Environ 4 500 personnes seront donc placées sous le régime de l'activité partielle [avec] 84% du salaire net [maintenu]», a également détaillé ce porte-parole. 

Une situation qui inquiète les syndicats

Dès le mois de mars 2021, les représentants de la CFDT de l'usine PSA de La Janais avaient fait part de leur inquiétude à la direction face à la situation et avaient alerté la direction du groupe dans un communiqué. Ils l'appelaient à ouvrir une «négociation sur l’activité partielle de longue durée afin de limiter l’impact financier pour les salariés», «au regard de cette crise d’approvisionnement qui [touche] toutes les usines du groupe et qui, malheureusement, pourrait s’étendre sur toute l’année 2021». Les représentants syndicaux y affirmaient également attendre beaucoup du «programme d’investissement de 20 milliards d’euros pour accélérer la relocalisation de la Recherche & Développement & Production de semi-conducteurs en France afin que notre industrie ne soit plus dépendante des productions en provenance de Taïwan».


A Mulhouse, l'équipe supplémentaire – qui doit assurer le lancement de la nouvelle Peugeot 308 – devait compter quelque 500 intérimaires venus de Mulhouse sur un total de 700 nouveaux arrivants (les autres provenant de diverses usines de Stellantis), mais le processus de recrutement a été suspendu. «C'est un coup de massue pour le site et l'ensemble des salariés concernés», a réagi le syndicat FO de Stellantis Mulhouse.

«On ne touchera pas la prime panier, le déplacement, la prime d'équipe», a quant à lui regretté Thomas Mercier, secrétaire CFDT du Comité social et économique de Toyota Onnaing. «Les gens ont dépensé pendant les vacances et attendent avec impatience le salaire de septembre, [il y a] une grosse inquiétude», précise le syndicaliste, qui encourage par ailleurs la direction à maintenir les contrats des 400 intérimaires du site. 

Un problème mondial

L'industrie française n'est bien entendu pas la seule victime de la pénurie mondiale de semi-conducteurs. Le 19 août, Toyota a annoncé une réduction de sa production mondiale de 40% en septembre par rapport à ce qu'il avait prévu en raison de cette pénurie. Sur les 360 000 véhicules produits en moins par rapport à l'objectif initial, 140 000 devraient l'être au Japon, 80 000 aux Etats-Unis, 80 000 en Chine et 40 000 en Europe. En juillet, le premier constructeur automobile mondial en volume avait déclaré tabler sur la production mondiale de quelque 900 000 véhicules en septembre, mais la situation sur le marché des semi-conducteurs l'a contraint à cette nouvelle réduction. Toyota a récupéré plus rapidement de l'impact du Covid-19 que nombre de ses concurrents dans le monde et avait su jusqu'alors plutôt bien gérer la pénurie mondiale de semi-conducteurs – grâce notamment à sa profonde connaissance de ses chaînes d'approvisionnement –, mais «la situation est toujours imprévisible en raison de l'expansion du Covid-19 dans les pays émergents, la pénurie de semi-conducteurs et la flambée des prix des matières premières», a prévenu le groupe.

Le constructeur américain Ford avait quant à lui estimé en avril qu'il pourrait accuser selon Capital une baisse de sa production de 1,1 million de véhicules en 2021, et il a lui aussi dû fermer temporairement certaines usines faute de semi-conducteurs. Cependant, Ford a limité la casse grâce à la forte demande pour ses voitures, pick-up et camions, et en «optimisant les revenus et les profits» avec moins de promotions et en se concentrant sur les véhicules les plus rentables, dont le prix moyen en Amérique du Nord a augmenté de 14% sur un an, comme le relève Le Figaro.

En Europe, le site spécialisé Caradisiac fait le bilan des difficultés rencontrées par les constructeurs allemands : Audi a confirmé la mise au chômage partiel de 10 000 salariés allemands et Porsche a trouvé une solution originale en livrant certains de ses véhicules sans semi-conducteurs (qui seront installés par la suite). Mercedes a également dû procéder à un arrêt partiel dans l'usine où sont assemblés les modèles Classe S et EQS, tandis que Volkswagen a décidé de retirer de son catalogue jusqu'en 2022 la version la moins chère de son modèle 100% électrique ID.3. BMW estime quant à lui à 90 000 le déficit de véhicules produit uniquement par le manque de semi-conducteurs.

Pour ne rien arranger, le syndicat des conducteurs de trains de la Deutsche Bahn – l'opérateur public ferroviaire allemand – a appelé le 20 août à une nouvelle grève massive, qui touchera le trafic passager et le transport de marchandises. Une situation qui perturbera davantage des chaînes d'approvisionnement sous tension.

P.F.

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