Le blé français, grande victime de la crise diplomatique avec l’Algérie

Exacerbée par la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental fin juillet 2024, la crise diplomatique a conduit l’Algérie à réduire considérablement ses achats de céréales à la France. Le marché algérien est désormais quasi fermé aux exportations françaises de blé.
Les exportations de blé français vers l'Algérie ont connu une baisse spectaculaire et sans précédent, en raison de la crise diplomatique entre les deux pays. En 2024, les exportations françaises de blé tendre vers l’Algérie ont chuté à environ 1,5 million de tonnes, selon des rapports cités par la presse, et les prévisions pour 2025 indiquent une possible absence totale d'exportations vers ce pays. En 2023, les importations algériennes de céréales françaises avaient déjà chuté de 80% par rapport à l'année précédente.
Historiquement, l'Algérie était un client majeur du blé français, avec des importations atteignant 5 millions de tonnes en 2019, représentant près de 1 milliard d'euros. Cependant, depuis l'été 2021, les relations entre Paris et Alger se sont détériorées, entraînant des répercussions notables sur le commerce agricole.
Summum de cette détérioration des relations : la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental fin juillet 2024, qui a largement impacté le commerce des céréales entre Paris et Alger. Bien que les exportateurs français continuent de soumettre des offres, l’Algérie ne donne plus suite à ces propositions.
Les ventes à l’Algérie «risquent d’être proches de zéro» en 2025, écrit le journal français Le Progrès, qui souligne que le dernier cargo de blé français a «déchargé sa cargaison en Algérie en juillet dernier», soit juste avant le début de la crise politique en cours. «Je suis installé depuis 2006 et je n’ai jamais connu une crise aussi importante», affirme de son côté Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française, dans Les Échos.
Concurrence de la Russie
Cette diminution s'explique également par la volonté de l'Algérie de diversifier ses sources d'approvisionnement en blé, notamment en se tournant vers des fournisseurs tels que la Russie. Cette diversification a été facilitée par la modification du cahier des charges algérien en novembre 2021, permettant une plus grande ouverture au blé russe.
Entre juillet 2023 et janvier 2024, l’Algérie a importé 1,6 million de tonnes de blé de Russie, selon le site Algérie Éco. «La Russie s’est hissée au rang de premier fournisseur de blé pour l’Algérie», se félicitait Rusagrotrans, le principal transitaire agricole russe, le 12 février 2024.
De son côté, la filière céréalière française, préoccupée par la perte de ce marché historique, cherche à se repositionner sur d'autres marchés, tels que le Maroc, pour compenser cette baisse des exportations vers l'Algérie.
Seulement, le Maroc a augmenté lui aussi ses achats en blé russe, qui ont atteint plus d’un million de tonnes en 2024. Une situation qui, selon le portail d’information marocain Hespress, a permis à la Russie de devenir le premier fournisseur du Royaume, devant la France, qui occupait historiquement cette position.