Nigeria : le président Tinubu vante les fruits de ses «décisions difficiles»

Dans son discours pour la fête de l’indépendance, le président nigérian Bola Tinubu a vanté les réformes de son gouvernement, affirmant qu’elles avaient permis d’augmenter le PIB et de réduire l’inflation. Mais l’opposition dénonce une politique inadaptée à la situation du pays.

Le président nigérian, Bola Tinubu, a prononcé un discours lors de la 65ᵉ commémoration de l'indépendance, ce 1ᵉʳ octobre, défendant les décisions de son gouvernement : suppression des subventions aux carburants et unification du taux de change. Ces mesures, censées « réinitialiser » l'économie, ont toutefois alimenté l'inflation et la colère populaire.

Évoquant des décennies de « distorsions et de désalignements budgétaires qui ont freiné la croissance réelle », le président a rappelé le choix qui s’imposait à son administration : « poursuivre nos activités comme si de rien n'était et laisser notre pays dériver, ou nous engager sur la voie d'une réforme courageuse et fondamentale. Nous avons choisi la voie de la réforme ». « Moins de trois ans plus tard, les graines de ces décisions difficiles mais nécessaires portent leurs fruits », a-t-il affirmé.

Le chef d’État nigérian a pointé les défaillances des infrastructures, qu’il a attribuées à l’absence d’investissements depuis des décennies. Il a souligné que les Nigérians menaient une course contre-la-montre et assuré que son gouvernement s’emploie à redresser la situation. « Je suis heureux d'annoncer que nous avons enfin franchi un cap. Le pire est passé, je le dis. Les souffrances d'hier laissent place au soulagement. Je salue votre endurance, votre soutien et votre compréhension », a-t-il déclaré, promettant de poursuivre ses efforts pour justifier la confiance de la population.

PIB en hausse

Tinubu a mis en avant une croissance du PIB nigérian de 4,23 % au deuxième trimestre de cette année, la plus rapide depuis quatre ans. Il a affirmé que l’inflation avait reculé à 20,12 % en août dernier, son seuil le plus bas en trois ans. Il a aussi fait état de cinq trimestres consécutifs d'excédents commerciaux, d’un rebond de la production pétrolière à 1,68 million de barils par jour et d'une augmentation des réserves extérieures à 42,03 milliards de dollars, soit leur niveau le plus élevé depuis 2019.

Concernant le programme d'investissement social, le président nigérian a indiqué que son gouvernement avait distribué 330 milliards de nairas (soit 222,90 millions de dollars) à huit millions de ménages vulnérables. Il a également mis en avant un élargissement des infrastructures ferroviaires, routières, aéroportuaires et portuaires.

L’opposition présage un avenir sombre

Le même jour, lors d'une conférence de presse à Abuja, l’opposant et candidat à la présidence du Parti travailliste (LP), Peter Obi, a qualifié l’avenir du pays de « sombre ». Il a accusé le parti All Progressives Congress (APC), au pouvoir, de corruption et de poursuivre des politiques économiques qui aggravent les difficultés, l'insécurité et les crises alimentaires à travers le pays.

Peter Obi a accusé le gouvernement dirigé par l’APC d’avoir « étouffé les citoyens avec des politiques brutales axées sur les revenus », fustigeant la politique d’emprunts inconsidérés, les dépenses inutiles, la production électrique insuffisante et l’incapacité à résoudre le problème de l’insécurité.

Le Nigeria fait face à une série de problèmes économiques et sécuritaires persistants, avec 129 millions de Nigérians, soit plus de la moitié de la population, vivant en dessous du seuil de pauvreté, sans parler de la menace terroriste qui pèse sur le nord-est du pays.