Le Premier ministre nigérien accuse la France de soutenir le terrorisme au Sahel

La France est accusée de vouloir déstabiliser le Niger et les pays du Sahel en soutenant le terrorisme et en menant une guerre économique et financière dans la région. Lamine Zeine Ali Mahaman a pointé les violences du passé colonial français, appelant à un devoir de mémoire et à une reconnaissance des crimes coloniaux.
Dans son discours, le 27 septembre, à la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre nigérien Lamine Zeine Ali Mahaman a dénoncé le soutien « assumé et revendiqué » de la France au terrorisme au Sahel en général et au Niger en particulier. « Depuis le renvoi de ses troupes du Niger en 2023, le gouvernement a mis en place un véritable plan sournois et subversif de déstabilisation de mon pays », a-t-il déclaré.
Lamine Zeine Ali Mahaman a détaillé les agissements de Paris qui, selon lui, a renseigné, financé et équipé les terroristes, tenté de créer les conditions d’un conflit interethnique, mené une campagne de désinformation et d’intoxication pour discréditer le Niger, ses institutions, ses responsables politiques et son armée, et entretenu une tension politique permanente entre son pays et certains de ses voisins.
Le Premier ministre a dénoncé une « guerre économique et financière sans précédent » menée par la l’ancienne puissance coloniale, émanant d’une volonté qualifiée de « haineuse ». Selon lui, elle vise à « saborder tous nos projets de développement en démobilisant certains investisseurs et en votant systématiquement contre mon pays au sein de toutes les institutions financières internationales telles que la BAD, le FMI et la Banque mondiale ».
« Un passif colonial non encore soldé »
Lamine Zeine Ali Mahaman a évoqué la mémoire coloniale toujours présente dans son pays, un « passif colonial non encore soldé » et une violence de l’occupation coloniale qui n’a jamais été oubliée par les Nigériens. Il a rappelé « la tristement célèbre mission Voulet et Chanoine et d’autres expéditions militaires [qui] se sont distinguées par la mort et la torture à grande échelle qu’elles ont semées à Téra, Djoundjou, Doutchi, Konni, Tessaoua et à Zinder ».
Qualifiant la France de « force hostile qui, depuis le 19ᵉ siècle, ne désarme pas » dans sa « guerre totale » contre le Niger, le Premier ministre a accusé l’armée française de « l’assassinat, le 27 novembre 2021, à Téra, de jeunes manifestants » et de la « menace d’intervention militaire de la CEDEAO, instrumentalisée par la France ».
Énumérant les crimes, massacres et exactions datant de l’ère coloniale qui entachent, à ce jour, la mémoire collective au Niger, Lamine Zeine Ali Mahaman a demandé « solennellement à la France de faire devoir de mémoire et de reconnaître ses crimes ».
Le discours du Premier ministre nigérien à l’ONU a été prononcé sur fond de rupture des relations entre Niamey et Paris depuis l’accession des militaires au pouvoir en juillet 2023. Depuis cette date, les forces françaises ont été expulsées du pays et la coopération, jugée inéquitable par le gouvernement nigérien, a cessé au profit d’autres partenariats, notamment avec la Russie.