Coresponsabilité domestique : un projet de loi au Parlement tunisien pour briser les stéréotypes

La Tunisie s’apprête peut-être à franchir un nouveau cap dans la bataille pour les droits des femmes et l’évolution du statut familial, avec les discussions au Parlement autour d’un nouveau projet de loi consacrant la coresponsabilité domestique des parents. Une initiative qui pourrait changer le quotidien des familles tunisiennes.
Les élus tunisiens débattent d’un texte visant à instaurer la coresponsabilité domestique des parents. Une initiative qui, selon le député Youssef Tarchoun, pourrait transformer le quotidien des familles et amorcer une rupture avec des représentations encore profondément ancrées.
« La femme active assume des charges tout comme l’homme. Il est nécessaire de changer la mentalité dominante à travers le système éducatif et les médias », a-t-il affirmé le 13 août sur Jawhara FM, appelant à rompre avec l’image d’une femme cantonnée aux travaux ménagers et d’un père absent de l’éducation des enfants.
Pointant notamment les manuels scolaires, où la femme apparaît souvent derrière les fourneaux tandis que l’homme reste en retrait, le parlementaire plaide pour « une forme de justice sociale » : impliquer les pères dans l’éducation des enfants et leur participation effective aux tâches domestiques.
La Tunisie, pionnière des droits des femmes
À plusieurs égards, la Tunisie est considérée comme un pays pionnier dans le monde arabe en matière de droits des femmes et de statut familial. En témoigne l’adoption l’année dernière de la loi sur le congé de maternité et de paternité, évoquée par Youssef Tarchoun, et qui constitue, selon lui, « une avancée qui s’inscrit dans un long processus de leadership tunisien en matière de droits des femmes, depuis la promulgation du Code du statut personnel en 1956 ». Ce Code constitue d’ailleurs aujourd’hui un pilier unique dans la région pour les droits des femmes tunisiennes.
La possibilité d’adoption de ce texte de loi constituerait, en effet, une avancée notable dans la législation familiale en Tunisie. La question reste tout de même de déterminer la portée et les moyens de son application, et surtout s’il engendrerait effectivement une rupture avec la culture et les pratiques du passé.