Le Maroc mise sur le sport pour accélérer sa transformation économique et sociale

À l’approche de la CAN 2025 et de la Coupe du Monde 2030, le Maroc déploie une stratégie d’investissement sans précédent dans les infrastructures sportives, touristiques, numériques et de transport. Un chantier national ambitieux, qui fait du sport un véritable moteur de développement économique, selon les autorités marocaines.
Le Maroc est en pleine effervescence à l’approche de deux événements sportifs majeurs : la Coupe d’Afrique des Nations en 2025 et la Coupe du Monde de football en 2030, coorganisée avec l’Espagne et le Portugal. L’objectif est clair : faire de ces compétitions le catalyseur d’une transformation durable du pays.
Le 20 mai 2025, à Rabat, la Global Growth Conference organisée par l’Institut Amadeus a réuni plus de 600 participants venus de 50 pays. Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) et ministre délégué au Budget, y a affirmé que le Royaume mobilise plus de 15 milliards de dollars pour moderniser ses infrastructures sportives, touristiques et routières. Il a rappelé que cette stratégie repose sur une vision continue entamée depuis plus de 25 ans sous l’impulsion du roi Mohammed VI.
Le lendemain, le 21 mai, une réunion stratégique s’est tenue au Complexe Mohammed VI de football à Maâmoura, près de Salé. Coorganisée par la FRMF et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), elle a permis de détailler l’état d’avancement des chantiers. Le futur Grand Stade Hassan II, en préparation à Benslimane, devrait accueillir jusqu’à 115 000 spectateurs, devenant ainsi le plus grand stade du monde.
Modernisation des villes et mobilisation économique
Les rénovations des stades de Rabat, Casablanca, Marrakech, Fès, Agadir et Tanger sont bien avancées. La première phase doit être livrée avant la CAN 2025, notamment le Complexe Moulay Abdellah qui accueillera l’ouverture et la finale. Une deuxième phase adaptera les installations aux standards de la FIFA pour 2030. Parallèlement, l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) déploie la 5G dans les six villes concernées, avant d’étendre la couverture à 40 villes d’ici 2028, selon Le Desk.
Ce chantier est aussi humain. Comme l’a souligné Fouzi Lekjaa, la construction d’un stade mobilise plus de 40 spécialités, de l’électricité à la billetterie numérique. « Il y a de la place pour les startups comme pour les multinationales », a-t-il précisé. Cette approche vise à intégrer tous les niveaux du tissu économique.
Côté tourisme, Fatim-Zahra Ammor, ministre du secteur, a indiqué que le Mondial pourrait attirer entre 1 et 2 millions de visiteurs supplémentaires. Un programme de rénovation de 25 000 chambres est en cours, financé par des prêts avantageux pour dynamiser l’offre hôtelière locale.
Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie, a qualifié cette phase de « transformation nationale ». Il a appelé les industriels marocains à proposer des solutions compétitives pour s’insérer dans les grands marchés liés aux infrastructures sportives.
Une ambition diplomatique et sportive assumée
Au-delà des retombées économiques, le Maroc entend faire de ces compétitions un levier de coopération régionale. « Nous considérons cette Coupe du Monde comme une Coupe du Monde africaine », a affirmé Fouzi Lekjaa. Il s’agit selon lui de démontrer la capacité des pays du Sud à organiser des événements d’envergure.
Soutenue par la vision royale, cette stratégie fait du sport un outil de modernisation, sans dépendance vis-à-vis des modèles occidentaux. Chaque stade, chaque route et chaque hôtel rénové est ancré dans une logique de développement durable.