Le Liberia rouvre les plaies de ses guerres civiles

Le Liberia rouvre les plaies de ses guerres civiles© RS
Le président libérien Joseph Boakai relance la mise en place d’un tribunal pour les guerres civiles.
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En relançant le projet de création d’un tribunal pour les crimes des guerres civiles, le président Joseph Boakai rompt avec deux décennies de silence. Une initiative à haute portée symbolique, qui s’inscrit dans une dynamique continentale de justice post-conflit et de réappropriation souveraine de la mémoire.

Le président libérien Joseph Boakai a renouvelé, le 30 avril, le décret présidentiel instituant un bureau national chargé de préparer la création d’un tribunal pour les crimes commis pendant les guerres civiles (1989-1997 et 1999-2003). Ce geste, largement salué par les défenseurs des droits humains, s’inscrit dans une volonté de relancer un processus de justice transitionnelle longtemps entravé.

Depuis le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation du Liberia (TRC) publié en 2009, aucune des recommandations appelant à la mise en place d’un tribunal spécial n’a été mise en œuvre, alertent régulièrement les médias et les observateurs locaux. Or, les deux conflits ont fait près de 250 000 morts et des milliers de victimes de violences sexuelles, de torture ou de recrutement d’enfants soldats.

Boakai, élu en 2023 face à George Weah, a fait de la justice l’un de ses chevaux de bataille. La création d’un bureau dédié marque donc une étape symbolique et pratique : recensement des victimes, collecte d’archives, définition du mandat du futur tribunal, dialogue avec les partenaires internationaux… Mais des défis majeurs demeurent : pressions politiques internes, limites budgétaires, et risque de divisions sociales autour de la mémoire du conflit.

Justice post-conflit, à l’africaine

Ce projet libérien s’inscrit dans une histoire plus large du continent, où plusieurs pays ont, chacun à leur manière, tenté de répondre aux crimes du passé tout en négociant les fragiles équilibres entre justice, mémoire et paix.

L’exemple le plus emblématique reste l’Afrique du Sud, avec sa Commission Vérité et Réconciliation dirigée par Desmond Tutu, qui a misé sur l’amnistie en échange de confessions publiques. Au Rwanda, à la suite du génocide de 1994, les juridictions gacaca ont permis de juger près de deux millions de personnes au niveau communautaire. En Ouganda, la CPI a poursuivi des chefs de la LRA, notamment Dominic Ongwen. En Sierra Leone, un tribunal spécial hybride soutenu par l’ONU a condamné Charles Taylor. Chacun de ces dispositifs illustre une tension entre justice, réconciliation et stabilité dans des contextes souvent fragiles.

En parallèle, cette dynamique s’inscrit dans une reprise en main souverainiste de la justice. À l’heure où certains pays contestent l’instrumentalisation de la CPI ou des justices internationales par les puissances occidentales, la volonté de juger « chez soi » devient politique. Le Liberia, en relançant le débat sur un tribunal national, renoue avec cette ambition : produire sa propre justice, pour sa propre histoire. C’est un pas fragile, mais décisif, vers une Afrique qui refuse l’amnésie imposée.

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