La RDC suspend temporairement ses exportations de cobalt

Les autorités congolaises ont pris la décision d’arrêter l’exportation de cobalt dans une tentative de juguler la chute des prix qui plombe les marchés mondiaux des métaux, sur fond de surproduction de ce métal essentiel pour l’industrie électronique mondiale.

Dans un communiqué rendu public dans la journée du 22 février 2025, l'Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (ARECOMS), un organisme public dépendant du ministère des Mines, a annoncé une «suspension temporaire pour une durée de quatre mois» de toutes les opérations minières, dont la production industrielle, semi-industrielle, artisanale et à petite échelle du cobalt».

Selon la même source, cette mesure a été adoptée afin de réguler l'offre en raison des inquiétudes suscitées par la surproduction de ce minerai sur le marché mondial et pour «renforcer la traçabilité et le contrôle de la chaîne d’approvisionnement et promouvoir la transformation locale du minerai».

À elle seule, la République démocratique du Congo génère plus 80% de la production mondiale de cobalt avec 244 kilotonnes en 2024, explique Global Data, une société londonienne de conseil et d'analyse de données, ce qui fait de la RDC le premier producteur du monde. De plus, ce métal représente 15 à 20% des exportations du pays. Or, les cours du cobalt sont en nette régression de 50% des prix depuis plus de deux ans, une baisse imputée principalement à une offre excédentaire.

Une offre excédentaire

En 2023, l’excédent de cobalt sur le marché représentait un volume de 14 200 tonnes, souligne le Cobalt Institute. Ce surplus annuel, qui devrait se maintenir durant cette décennie, est la cause directe de la chute des prix. La tonne de cobalt se négocie depuis quelques semaines à 20 000 dollars sur la bourse des métaux de Londres, bien en deçà des plus de 90 000 dollars la tonne de 2018.

Le président congolais, Félix Tshisekedi, avait demandé, au Premier ministre de l’époque, Sama Lukonde, lors d’un conseil ministériel tenu en février 2024, la possibilité de recourir aux quotas d’exportations de cobalt dans une tentative de juguler la chute des prix. Or, la récente décision des autorités congolaises dénote une politique beaucoup plus drastique que celle envisagée l’année dernière.

Le communiqué de l’ARECOMS a évoqué une évaluation dans les trois mois pour déterminer s'il convient de modifier ou de mettre fin à cette mesure de suspension temporaire.

Le cobalt, extrait principalement dans la région du Katanga en RDC, constitue une matière première essentielle dans l’industrie des batteries rechargeables destinées entre autres aux véhicules électriques et aux smartphones.