Massacre de Thiaroye : le Sénégal annonce des fouilles archéologiques pour identifier le nombre de tirailleurs tués

Massacre de Thiaroye : le Sénégal annonce des fouilles archéologiques pour identifier le nombre de tirailleurs tués© LAPI
Tirailleurs sénégalais, à Dakar (Sénégal), en 1942. (Photo d’archives)
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En 1944, les forces coloniales françaises avaient tiré sur des soldats africains rapatriés des combats en Europe. Ce massacre est aujourd’hui un symbole des injustices coloniales et de l’ingratitude envers les soldats africains qui ont combattu pour la France.

Le gouvernement sénégalais a annoncé, le 19 février, lancer des fouilles archéologiques pour connaître la vérité sur le nombre de tirailleurs africains tués en 1944 par les forces coloniales françaises à Thiaroye, près de Dakar, alors qu’ils réclamaient des arriérés de solde. Les autorités coloniales de l’époque avaient admis la mort de 35 personnes, mais des historiens avancent un nombre de victimes bien plus élevé.

Le Sénégal, qui reproche à la France de cacher la vérité à propos de ce massacre, l’accuse de retenir notamment, des documents d’archives permettant de connaître le bilan humain. «Les compléments d’informations requis sont toujours attendus. Devant cette contrainte, des fouilles archéologiques seront entreprises», indique un communiqué publié à l’issue d’un conseil des ministres tenu le 19 février.

Le Sénégal a commémoré cette année, en grande pompe, ces événements au camp militaire de Thiaroye et a annoncé une série de mesures «pour cristalliser dans la mémoire collective ce tragique événement». Les autorités ont ainsi élevé le cimetière militaire de Thiaroye en cimetière national et institué la date du 1er décembre «Journée des tirailleurs sénégalais». Des rues, places et édifices seront par ailleurs baptisés du nom des victimes de ce massacre, dont l’histoire sera également enseignée à l’école.

Les nouvelles autorités sénégalaises, qui prônent une lecture critique de la mémoire coloniale, ont mis également en place un comité de chercheurs qui doit rendre en avril un rapport sur ce massacre. Le président Bassirou Diomaye Faye, élu le 24 mars, et son Premier ministre Ousmane Sonko, nommé le 2 avril, avaient promis pendant leurs campagnes électorales de redéfinir les rapports du Sénégal avec la France. D’inspiration «panafricaniste de gauche», le programme des deux jeunes dirigeants sénégalais vise à garantir la souveraineté politique et économique du pays

Épisode sombre

Le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944 au Sénégal, est un épisode sombre de l’histoire coloniale française. Il s’agit de la répression sanglante d’anciens combattants africains (les Tirailleurs sénégalais) par l’armée coloniale française. Ce jour-là, les forces coloniales françaises avaient tiré sur des tirailleurs rapatriés des combats en Europe, non seulement sénégalais mais provenant aussi d’autres pays africains, qui réclamaient le paiement d’arriérés de solde.

Ces soldats africains avaient combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, et avaient été capturés par les Allemands en 1940 avant d'être libérés en 1944. À leur retour en Afrique, ils réclamaient le paiement de leurs soldes et indemnités promises par la France, ainsi que de meilleures conditions de vie. Face aux promesses non tenues, une mutinerie éclate dans le camp militaire de Thiaroye, près de Dakar.

En réponse à cette protestation pacifique, l’armée française ouvre le feu sur les tirailleurs désarmés. Après ce massacre, plusieurs survivants sont arrêtés, jugés et emprisonnés.

Zones d’ombre

De nombreuses zones d’ombre subsistent en ce qui concerne les circonstances de ce massacre, le nombre de tirailleurs tués, leur identité, le lieu de leur inhumation. Les chiffres exacts du nombre de morts restent flous. Les autorités françaises de l’époque avaient admis la mort de 35 personnes, tandis que d’autres sources estiment qu’il y a eu entre 100 et 300 victimes. Plusieurs historiens avancent par ailleurs un nombre de victimes bien plus élevé, jusqu’à 400.

Pendant longtemps, la France a minimisé ou occulté cet événement. Ce n’est qu’en 2012 que le président français François Hollande a reconnu officiellement la responsabilité de la France et rendu hommage aux victimes. En 2022, un rapport sénégalo-français a recommandé une reconnaissance plus large et une réhabilitation des tirailleurs exécutés ou emprisonnés.

Ce massacre est aujourd’hui un symbole des injustices coloniales et de l’ingratitude envers les soldats africains qui ont combattu pour la France. Cet événement résonne encore aujourd’hui, surtout dans le débat sur la mémoire coloniale et le traitement des anciens combattants africains.

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