Conflit en RDC : le M23 propose des négociations directes avec Kinshasa
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Le M23 et l'Alliance du fleuve Congo ont lancé un appel à des négociations avec Kinshasa pour mettre fin au conflit à l’est de la RDC. Ce communiqué intervient alors que les rebelles ont récemment pris le contrôle de Bukavu, une avancée qui inquiète la communauté internationale.
Le Mouvement du 23 mars (M23) et l’Alliance du fleuve Congo (AFC) ont appelé le gouvernement congolais à engager un dialogue direct pour mettre un terme aux violences dans l’est du pays. Dans un communiqué publié le 16 février 2025 sur X, le porte-parole des rebelles, Lawrence Kanyuka, a déclaré : «Nous réitérons notre appel à un dialogue direct et sincère avec le régime de Kinshasa pour traiter les causes profondes du conflit et établir une paix durable dans notre pays.»
Le M23 affirme vouloir restaurer l’ordre dans les territoires sous son contrôle. Initiative Africaine rapporte que les rebelles ont commencé à fournir une aide humanitaire à la population locale. Cependant, Kinshasa considère cette offre de négociation comme une tentative de légitimation du contrôle du M23 sur l’est du pays. Le gouvernement congolais a toujours refusé d’ouvrir des discussions avec les rebelles, préférant une réponse militaire.
Avancée majeure du M23
La publication de ce communiqué intervient après un tournant décisif du conflit. Le 16 février 2025, les combattants du M23 se sont emparés de Bukavu, capitale du Sud-Kivu. Selon RFI, les forces gouvernementales congolaises se sont retirées, évitant ainsi des affrontements urbains. Cette absence a plongé la ville dans le chaos, entraînant des pillages et l’exode de milliers d’habitants vers le Burundi. Avec la prise de Bukavu, le M23 contrôle désormais un corridor stratégique reliant le Nord et le Sud-Kivu. Cette avancée donne aux rebelles la mainmise sur plusieurs zones minières, essentielles pour l’industrie électronique mondiale.
Kinshasa et ses alliés dénoncent une occupation rwandaise
Le gouvernement congolais accuse Kigali de soutenir militairement le M23. Dans un message publié sur X, Kinshasa a dénoncé «une violation flagrante» de sa souveraineté et accusé le Rwanda de poursuivre une politique d’occupation et de pillage des ressources congolaises. De son côté, le Rwanda nie toute implication et rejette les accusations de soutien au M23. Kigali affirme que ses actions sont purement défensives face à la présence de groupes hostiles à sa frontière.
Un risque d’escalade régionale
Le conflit pourrait s’étendre au-delà des frontières congolaises. L’armée burundaise, alliée de Kinshasa, a brièvement fermé sa frontière pour contenir l’afflux de réfugiés. Par ailleurs, le chef de l’armée ougandaise a menacé d’intervenir en Ituri, une autre région sous tension. Face à cette situation, l’ONU et l’Union africaine ont appelé à un cessez-le-feu. Euronews cite Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui met en garde contre une «conflagration régionale». Toutefois, l’UA reste prudente et évite de pointer directement le Rwanda comme responsable.
Pour l’instant, le gouvernement congolais exclut toute négociation et mise sur une réponse militaire.