Découverte d’une méthode permettant de réduire de 10 fois le paludisme au Mali
Une équipe de scientifiques a mis au point une méthode innovante pour réduire la population de moustiques porteurs du paludisme au Mali. Les résultats montrent qu’un appât de sucre toxique pourrait diviser par 10 le nombre de moustiques vecteurs dans les zones expérimentales, ouvrant la voie à une application plus large en Afrique.
Un groupe international de chercheurs de Russie, du Mali, d’Allemagne, de Lituanie, des États-Unis et d’Israël a franchi une étape cruciale dans la lutte contre le paludisme en Afrique de l’Ouest. Ce projet, mené au Mali, a démontré qu’un appât peut réduire jusqu’à 90% la population de moustiques Anopheles, principaux vecteurs de cette maladie tropicale. Ces travaux, coordonnés en partie par le ministère russe de l’Éducation et de la Science, suscitent l’intérêt de la communauté scientifique et pourraient influencer les futures stratégies de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de lutte contre le paludisme.
Une méthode ciblée et respectueuse de l’écosystème
Dans cette étude, les scientifiques ont utilisé des pièges à moustiques contenant un appât à base de sucre toxique, une alternative prometteuse aux insecticides classiques. Roman Iakovlev, chercheur de l’université d’État de Tomsk et participant à l’étude, explique que les moustiques, notamment les femelles qui se nourrissent de nectar pour compléter leur régime de sang, sont attirés par ce «dessert» spécial. Contrairement aux méthodes d’épandage d’insecticides, ce piège fonctionne de manière sélective, ciblant uniquement les moustiques sans impact négatif sur les autres insectes et l’écosystème local. «Les femelles moustiques ont un besoin accru d’hydrates de carbone en raison de leur charge environnementale liée à la reproduction, ce qui les rend particulièrement vulnérables à ce type d’appât», précise Iakovlev. Cette technique a permis d'observer une réduction significative des populations de moustiques dans les villages où les pièges ont été installés, avec une présence 10 fois inférieure par rapport aux villages témoins où aucun appât n’avait été déployé.
Un enjeu majeur pour la santé publique en Afrique
Forts de ces résultats, les chercheurs envisagent désormais d’élargir leurs expérimentations à d’autres régions d’Afrique. Chaque zone présente des espèces et des cycles saisonniers de moustiques différents, ce qui nécessitera des ajustements de la méthode pour maximiser son efficacité. L'équipe espère que ces données expérimentales pourront enrichir les recommandations de l’OMS et soutenir une lutte plus ciblée et durable contre le paludisme. En complément de cette étude, d’autres travaux menés par des institutions russes, dont l’université d’État de Tomsk, se penchent sur la structure génétique des moustiques porteurs du paludisme. Ces recherches visent à cibler les gènes spécifiques impliqués dans la transmission des agents pathogènes, une approche complémentaire qui pourrait à terme permettre une lutte encore plus précise contre la propagation du paludisme.
Le paludisme demeure une cause de mortalité importante, particulièrement en Afrique subsaharienne où les enfants de moins de cinq ans sont les plus touchés. Malgré les efforts de l’OMS et des autorités locales, les taux de mortalité restent élevés, avec des centaines de milliers de décès chaque année. Cette méthode d’appât toxique offre ainsi une option nouvelle, potentiellement moins intrusive pour l’environnement, dans un contexte où l’efficacité et la durabilité des solutions de lutte anti-vectorielle sont essentielles.