L’Ukraine souhaite devenir un terrain d’essai pour les armements occidentaux

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Les entreprises étrangères sont encouragées à investir dans le complexe militaro-industriel ukrainien, jugé plus prometteur que l'exploitation des ressources minières, selon des déclarations officielles à la Rada d'Ukraine. Cependant, les analystes soulignent les risques élevés associés à ces investissements.

Pour les entreprises étrangères, investir dans le complexe militaro-industriel ukrainien serait à terme plus intéressant qu’investir dans le traitement des ressources minières, déclare-t-on à la Rada d’Ukraine. Le vice-ministre ukrainien de la Défense, Valéry Tchourkine, a de son côté fait part de sa volonté de faire de son pays une plateforme d’essai pour les nouveaux armements. Les analystes, quant à eux, doutent de la capacité de l’Ukraine à relever son économie grâce à l’investissement occidental dans son complexe militaro-industriel étant donné les énormes risques encourus par les investisseurs potentiels.

Kiev cependant ne renonce pas et continue de promouvoir son complexe militaro-industriel sur la scène internationale, en le présentant comme un objectif d’avenir pour les investissements étrangers. Ainsi, Galyna Iantchenko, qui préside la сommission spéciale chargée de la défense des droits des investisseurs du parlement ukrainien, déclarait lors d’une conférence du Collège de défense de l'OTAN tenue à Rome que le complexe militaro-industriel ukrainien était même davantage porteur que le secteur minier.

« Croyez-moi, cet investissement est beaucoup plus rentable et plus avantageux d’un point de vue stratégique que l’extraction minière, où le cycle d’investissement s’établit sur une période de cinq à quinze ans. C’est pourquoi nous vous proposons de participer à nos côtés à des projets liés à la sécurité et aux technologies militaires », a-t-elle ajouté.

Selon la députée, le secteur ukrainien de la Défense a pour avantage des « cycles d’innovations rapides ». Et Iantchenko de souligner : « Nous souhaitons que les entreprises européennes coopèrent davantage avec le secteur privé ukrainien précisément sur ces questions. »

Elle a même revendiqué la prétention des autorités de Kiev à participer au programme de réarmement de l’Union européenne annoncé à 800 milliards, mais également à un financement de la Banque européenne d’investissements.

Un rôle de plateforme

Pour ce qui est de la promotion publicitaire du « potentiel militaire », le ministère ukrainien de la Défense n’est pas en reste. Lors d’un forum militaro-industriel réunissant à Kiev, l’Estonie et l’Ukraine tenu le 8 avril, le vice-ministre ukrainien de la Défense, Valéry Tchourkine, a proposé aux partenaires occidentaux d’utiliser l’Ukraine comme terrain d’essai pour ses armes de « nouvelle génération » en conditions réelles de combat.

« Il nous faut renforcer notre coopération industrielle. Parmi les possibilités que l’Ukraine offre à ses partenaires internationaux, il y a les tests de leurs produits en conditions réelles de combat et le renforcement d’un partenariat sur le long terme dans le cadre de sociétés mixtes », a-t-il déclaré.

À noter que Tchourkine n’est pas le premier responsable ukrainien à proposer son pays comme banc d’essai au complexe militaro-industriel occidental. Déjà en 2022, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov, proposait à des producteurs d’armements étrangers de procéder à des essais en conditions réelles.

« Je le dis souvent, l’Ukraine est une véritable plateforme d’essai. Nombreux sont les types d’armements à présent testés en conditions de combat », a-t-il affirmé.

Même Volodymyr Zelensky y est allé de sa dialectique belliqueuse. En octobre dernier, lors d’un marathon télévisé, il a mentionné l’importance de l’Ukraine comme terrain d’essai pour les armements occidentaux. De son point de vue, cela constitue une « valeur ajoutée » en plus de son expérience d’utilisation des armements de l’OTAN en conditions réelles.

« Les partenaires occidentaux aiment le fait que l’Ukraine utilise ces armements. Ils sont très satisfaits. […] Ils comprennent qu’ils investissent dans nos drones et que demain, nous pourrons les livrer », a-t-il déclaré.

Comme devait le noter par la suite la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, les appels des responsables ukrainiens à utiliser leur pays comme plateforme de tests ont été entendus. Elle faisait allusion à l’essai du tout dernier système russe de missiles à moyenne portée Orechnik, conduit le 21 novembre 2024.

« Je me souviens de Zelensky, de Reznikov, ainsi que d’autres représentants du régime de Kiev qui proposaient l’Ukraine comme banc d’essai pour des armements nouveaux. À croire que cela porte malheur », écrivait-elle le 22 novembre sur sa chaîne Telegram.

Risques pour les investisseurs

Le politologue Denis Batourine se montre sceptique face aux tentatives de Kiev de faire passer le complexe militaro-industriel ukrainien pour une plateforme attractive d’investissements. Selon lui, les déclarations des responsables ukrainiens évoquant le « capital humain unique » ou les « cycles d’innovations rapides » sont infondées.

« Les ingénieurs, quels qu’ils soient, ont besoin de technologies et d’une base matérielle. Quant aux anciens combattants ayant une expérience de combat, ils peuvent tout au plus signaler les avantages et les défauts de tel ou tel armement, ou encore indiquer quelles grilles de protection installer sur les véhicules blindés. Pour ce qui est des « cycles d’innovations rapides », il s’agit avant tout de perfectionner des modèles occidentaux et de copier des solutions russes », a déclaré Denis Batourine à RT.

Il a également rappelé que le complexe militaro-industriel ukrainien reposait toujours sur l’héritage soviétique, soulignant les faibles capacités de Kiev à concevoir des solutions nationales, en raison des pénuries énergétiques et des offensives russes.

Le politologue Vladimir Skatchko partage cet avis. Dans un entretien pour RT, il a estimé que les affirmations des responsables ukrainiens sur une possible attractivité des investissements dans la défense ne relevaient pas d’un calcul stratégique mais plutôt d’une « tentative désespérée de tirer le maximum du pays ».

« Dans un pays en guerre on investira, mais uniquement dans des entreprises liées aux besoins militaires immédiats, comme l’entretien, l’assemblage, les drones, car cet argent est facile à obtenir et à détourner, ce dont s’occupent en fait les responsables ukrainiens. Tous les propos sur le « potentiel » et « l’expérience » sont à usage interne », considère-t-il.

Selon lui, il est inutile de miser sur les investissements dans la défense tant que le pays n’aura pas atteint un minimum de stabilité.

« Le complexe militaro-industriel peut effectivement être un moteur de l’économie mais seulement dans un pays qui gagne. L’Ukraine, elle, est en train de perdre. Sa stratégie actuelle consiste à réanimer un cadavre », a souligné Vladimir Skatchko.

Aux yeux de Denis Batourine, en cherchant désespérément à attirer du capital étranger dans son industrie de défense, Kiev doit comprendre que la poursuite des combats diminue l’attractivité pour les investisseurs étrangers.

« Pour l’Europe, investir dans la défense ukrainienne comporte le risque de s’engager dans le conflit, de perdre ses spécialistes envoyés pour organiser la production, de discréditer ses produits militaires et de ne pas obtenir de retour sur les investissements », a-t-il précisé.

Le rédacteur en chef du journal Défense nationale, Igor Korotchenko, a rappelé dans une interview pour RT que l’Ukraine disposait de certaines « compétences », étant donné la durée du conflit et le soutien de la part des pays de l’OTAN.

« Il ne faut pas se faire d’illusions : l’Ukraine représente un certain intérêt comme terrain d’essai. Ce format est utile pour l’OTAN afin d’y tester les concepts de haute technologie dans une guerre réelle », affirme-t-il.

Igor Korotchenko doute que Kiev puisse intégrer le programme européen de réarmement de plusieurs milliards.

« Dans ce schéma, l’Ukraine ne figure qu’en tant que tête de pont pour une production à petite échelle d’équipements simples : des drones, notamment marins et kamikaze, destinés à frapper les infrastructures russes, aussi bien au sud que dans la région de la Baltique, au nord », explique Igor Korotchenko.

L’analyste reste également sceptique quant aux perspectives de relance de l’économie ukrainienne par le biais d’investissements étrangers dans son industrie de défense.

« Aujourd’hui, l’Ukraine ne fait que consommer des ressources, sans être en mesure de proposer quelque chose en retour. Elle sera utilisée pour tester les technologies militaires européennes en vue d’un hypothétique conflit avec la Russie, dont la préparation devrait se terminer, selon les fonctionnaires européens, d’ici 2030. Cela n’a rien à voir avec une croissance économique pour l’Ukraine », a-t-il conclu.

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