Lavrov : «Le Conseil de sécurité n’a pas besoin de nouveaux membres du "bloc occidental"»

Lavrov : «Le Conseil de sécurité n’a pas besoin de nouveaux membres du "bloc occidental"» Source: Sputnik
Lavrov : «Le Conseil de sécurité n’a pas besoin de nouveaux membres du "bloc occidental"» (photo d'illustration)
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À la veille du 80e anniversaire de la création de l’ONU, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'exprime quant au rôle de l'Union soviétique et de la Russie au sein de l'organisation internationale pour le film documentaire «L’ONU : du XXe au XXIe siècle». En voici quelques extraits.

Quelle contribution l’Union soviétique et la Russie contemporaine ont-elles apportée et apportent-elles encore aux activités de l’ONU ?

Sergueï Lavrov : L’URSS a été à l’origine de la fondation de l’ONU. La nécessité de créer une organisation internationale universelle après la Deuxième Guerre mondiale a été mentionnée pour la première fois (aucune autre information n’a été retrouvée dans les archives) dans un document approuvé à l’automne 1943 par les dirigeants des ministères des Affaires étrangères de l’Union soviétique, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, lors d’une réunion à Moscou à l’Hôtel des réceptions du ministère russe des Affaires étrangères.

L’une des véritables contributions concrètes de l’Union soviétique à l’élaboration des infrastructures de sécurité actuelles a été le fait d’insister pour que la France figure parmi les grandes puissances représentées à titre permanent au sein de l’organe principal de l’ONU qu’est le Conseil de sécurité. […] 

L’URSS a été le principal auteur de la Déclaration de 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, après l’adoption de laquelle le nombre de membres de l'ONU a augmenté de 80 à 90. Cette déclaration a mis en place le principe d’autodétermination des peuples. […]

On nous dit à présent que l’essentiel dans le monde contemporain, c’est de garantir l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Il s’agit d’une interprétation sournoise de la Charte car l’intégrité territoriale est mentionnée dans la Charte sauf qu’avant celle-ci, on mentionne le droit des peuples à l’autodétermination. De même que les puissances coloniales ne représentaient pas les peuples des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, ceux qui sont arrivés au pouvoir en Ukraine, à la suite d’un coup d’État, et dont la première action a été d’annoncer l’interdiction de la langue russe, ne représentaient ni la Crimée, ni le Donbass, ni la Novorossia. C’est là que nous voyons les raisons qui empêchent l’Occident de forcer les autorités ukrainiennes à entamer des négociations justes et à respecter les principes de la Charte de l’ONU. […]

La tâche la plus importante consiste à garantir le respect des objectifs et des principes initiaux de la Charte de l’ONU dans leur intégralité et leur interdépendance, et non de manière sélective, au cas par cas.

On parle à différents niveaux de la nécessité de réformer l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité. Ces discussions se poursuivent encore aujourd’hui. En juillet de l’année en cours, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, vous avez évoqué la nécessité d’éradiquer les irrégularités géographiques et géopolitiques au sein du Conseil de sécurité. Quelle pourrait être la «feuille de route» de ces réformes ?

S. L. : Une réforme, ce n’est pas quelque chose de ponctuel. Il s’agit d’un processus. Il est en cours depuis que les Nations unies existent. Bien sûr, malgré toutes les réformes en cours qui concernent de multiples structures de l’ONU, tout le monde voudrait se concentrer essentiellement sur la réforme du Conseil de sécurité. C’est tout à fait compréhensible. Outre le fait que cet organe est l’organe principal et qu’il joue un rôle décisif en matière de guerre et de paix, il s’agit également d’une question de prestige. Ce processus est en cours. Je suis arrivé à New York en tant que représentant permanent de notre pays en 1994, ce processus était déjà lancé et la transformation était en cours. Néanmoins, il repose sur des principes qu’il faut préserver à tout prix. Le premier d’entre eux réside dans le fait que la réforme du Conseil de sécurité doit être fondée sur un large accord, le plus large possible, des États. Il n’est pas question de «consensus» mais de «large accord des pays». [...]

Avec la République populaire de Chine, qui partage pleinement notre approche quant à la nécessité d’élaborer un accord commun plutôt que d’imposer des solutions, nous faisons tout ce qui est dans nos moyens.

Dans ce contexte, d’autres membres permanents du Conseil de sécurité, à savoir la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis, ont adopté une position ambiguë. La Grande-Bretagne et la France jouent la carte de ceux qui veulent forcer le processus. [...]

En 2023, les États-Unis sont devenus des fervents défenseurs de l’élargissement immédiat du Conseil de sécurité des Nations unies en attribuant des sièges permanents à ceux qui les réclamaient, y compris l’Allemagne et le Japon.

Notre position est simple. Le Conseil de sécurité n’a pas besoin de nouveaux membres du «bloc occidental» (de l’OTAN, de l’Union européenne et de leurs alliés, soit le Japon). Actuellement, sur les 15 membres du Conseil de sécurité, six représentent des pays centrés sur l’Occident. Les acteurs occidentaux n’apportent aucune «valeur ajoutée» à la mission du Conseil de sécurité. Tout est déterminé par les États-Unis et les Britanniques qui les soutiennent totalement. L’ajout de participants occidentaux «supplémentaires» au Conseil de sécurité (en l’occurrence ceux qui se montrent «impatients», à savoir l’Allemagne et le Japon), élargira et aggravera l’injustice. Il n’existe aucune question internationale sur laquelle Berlin et Tokyo s’exprimeraient ne serait-ce qu’avec une certaine nuance vis-à-vis de leurs maîtres «de l’autre côté de l’océan». Tandis que les pays en développement sont sous-représentés au Conseil de sécurité de l’ONU. [...]

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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