«Menace russe» : Merz soupçonne Moscou d’être derrière les drones aperçus en Allemagne

Le chancelier allemand Friedrich Merz a affirmé soupçonner la Russie d’être à l’origine des récents survols de drones au-dessus de l’Allemagne, sans toutefois présenter de preuve. Il a qualifié ces engins de «menace sérieuse» pour la sécurité du pays.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré, le 5 octobre, qu’il supposait que la Russie se trouvait derrière le lancement d’une grande partie des drones aperçus au-dessus de l’Allemagne ce week-end. Certains ont provoqué des perturbations à l’aéroport de Munich, entraînant l’annulation de plusieurs dizaines de vols et laissant plus de dix mille passagers bloqués, selon Reuters.
Il a ajouté que la fréquence de ces incursions dans l’espace aérien européen était sans précédent depuis la guerre froide. Aucun des drones observés jusqu’à présent n’était armé : ils effectuaient, selon lui, de simples vols de reconnaissance. Merz a toutefois précisé que, quel qu’en soit l’auteur, ces appareils représentaient « une menace sérieuse » pour la sécurité de l’Allemagne.
Pourtant, les enquêtes menées à la suite des incidents ont montré que les personnes impliquées dans le pilotage des drones en Europe étaient pour la plupart des ressortissants européens — des Allemands (en Norvège), des Croates (en Allemagne) ou d’autres amateurs isolés, mais en aucun cas des Russes.
Un centre antidrones en discussion à Berlin
Le 2 octobre, Die Zeit a rapporté, citant le ministre allemand de l’Intérieur Alexander Dobrindt, que celui-ci avait annoncé la création d’un centre de protection contre les drones, après la multiplication des incidents en Allemagne. L’hebdomadaire allemand a ajouté, sans en apporter la moindre preuve, qu’il s’agirait « d’un phénomène nouveau, témoignant clairement de la présence d’un acteur étatique étranger ».
L’objectif du centre serait de rassembler les compétences de la police fédérale, de l’Office fédéral de la police criminelle et de la police régionale, avec la participation de la Bundeswehr. À l’avenir, les forces armées devraient fournir une aide militaire dans la lutte contre les drones.
Néanmoins, pour l’instant, l’abattage de drones reste juridiquement difficile, car il faudrait constater l’instauration d’un « état de tension » ou d’un « état de défense » (le premier s’applique en cas de grave conflit extérieur, le second en cas d’attaque contre le pays ou de menace imminente), ce qui permettrait à la Bundeswehr de mener une opération militaire sur le territoire national. Une telle décision nécessiterait une majorité des deux tiers au Bundestag et l’approbation du Bundesrat.
Jusqu’à présent, la Bundeswehr n’a été déployée à l’intérieur du pays que pour des tâches non militaires, telles que le transport de sacs de sable lors d’inondations ou la mise en place de camps pour réfugiés, explique Die Zeit. Le ministre de la Défense Boris Pistorius s’est montré sceptique face à l’idée de créer ce centre. Il a précisé que la Bundeswehr ne pourrait pas être présente partout en Allemagne pour les abattre.
La réaction russe
Le président russe Vladimir Poutine, commentant les incidents impliquant des drones, a déclaré qu’il n’y avait pas de cibles en Europe pour la Russie : « C’est aussi une manière d’alimenter la tension dans son ensemble », a-t-il affirmé. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, a déclaré que la Russie n’avait jamais envoyé de drones ni de missiles vers des pays européens ou membres de l’OTAN.
Le 2 octobre, lors de la session plénière du forum de Valdaï, le modérateur Fiodor Loukianov a plaisanté sur les accusations de violation de l’espace aérien de l’OTAN. Il a demandé à Vladimir Poutine pourquoi la Russie envoyait des drones au Danemark. « Je ne le ferai plus. Je n’en enverrai plus ni en France, ni au Danemark, ni à Copenhague. Jusqu’où parviennent-ils encore... À Lisbonne... Où encore ? », a répondu le président russe en riant.
Poutine a estimé que les Européens « font toute une histoire » des incidents de drones, « comme autrefois avec les ovnis ». Il a ajouté avec ironie : « En fait, nous n’avons même pas de drones capables d’atteindre Lisbonne. Oui, nous avons des drones à longue portée, mais il n’y a pas de cibles à Lisbonne. »