Arménie : la tentative d’arrestation d’un archevêque provoque des heurts entre fidèles et police

Les forces de sécurité arméniennes ont tenté d’arrêter l’archevêque Mikaël Adjapakhian, accusé d’avoir appelé à la prise du pouvoir dans une interview donnée en 2024, provoquant une forte mobilisation des croyants. Des heurts ont éclaté lorsque les forces de l’ordre ont voulu pénétrer dans la métropole d'Etchmiadzin, les croyants bloquant l’accès.
De nouvelles arrestations ont été effectuées par les forces de sécurité en Arménie. Le matin du 27 juin, des agents du Service national de sécurité arménien sont arrivés sur le territoire de la métropole d’Etchmiadzin, siège de l’Église arménienne et résidence du Catholicos de Tous les Arméniens, afin d’arrêter l’archevêque Mikaël Adjapakhian, chef du diocèse de Shirak de l’Église apostolique arménienne. Il est accusé d’avoir prétendument appelé à la prise du pouvoir dans le pays, dans une interview de février 2024.
Les actions des forces de sécurité ont suscité l’indignation du clergé et des croyants, qui ont tenté de mettre fin aux actions de la police. Plus tard, Mikaël Adjapakhian s’est présenté aux forces de l’ordre, accompagné de son avocat Ara Zograbian et du Catholicos de Tous les Arméniens, Garegin II. L’archevêque de l’Église apostolique arménienne a indiqué qu’il ne représentait pas une menace pour l’Arménie et que la décision de l’arrêter était « illégale ».
Il s’est toutefois déclaré prêt à suivre les forces de sécurité, mais les croyants l’ont empêché de partir, ce qui a donné lieu à une bagarre. Au cours de cet affrontement, les forces de l’ordre ont tenté de pénétrer dans l’enceinte de la métropole d’Etchmiadzin. Selon des vidéos tournées sur les lieux, plusieurs dizaines de croyants ont refermé les portes, bloquant le passage aux forces de l’ordre. Les forces de sécurité arméniennes ont continué à tenter de pénétrer sur le territoire.
Par la suite, Mikaël Adjapakhian est retourné sur le territoire de la métropole d’Etchmiadzin, tandis que de nombreuses forces de police, des unités spéciales et des agents du Service de sécurité nationale se sont rassemblés autour des lieux. D’après les médias, l’archevêque se serait senti mal.
La situation s’est résolue sans autre affrontement. Le véhicule des forces de sécurité arméniennes a quitté le territoire d’Etchmiadzin. La foule a accompagné son départ en criant : « Vive l’Église apostolique arménienne ! ». Sputnik Armenia a ensuite signalé que les forces de sécurité avaient quitté la résidence du Catholicos de Tous les Arméniens. Néanmoins, le Comité d’enquête arménien a appelé Mikaël Adjapakhian à se présenter devant les forces de l’ordre et a ouvert une enquête pénale pour obstruction à son arrestation par des citoyens.
Les relations entre le Premier ministre arménien Nikol Pashinian et le clergé se sont détériorées ces dernières années, en particulier après que le Primat d’Etchmiadzin (l’autorité suprême de l’Église arménienne) a exigé sa démission en 2020 et critiqué sa politique à l’égard du Haut-Karabakh. En mai dernier, le Premier ministre et son épouse Anna Akopian ont publié plusieurs messages sur les réseaux sociaux contenant des propos désobligeants à l’égard des représentants de l’Église arménienne. En juin, il les a accusés de préparer un coup d’État.
Le 25 juin, le Comité d’enquête arménien a déclaré que le leader du mouvement d’opposition « Lutte sacrée », l’archevêque Bagrat Galstanian, et ses partisans préparaient des actes terroristes dans la république en vue de prendre le pouvoir. Le même jour, plusieurs représentants de l’opposition et du clergé ont été arrêtés.
Le 18 juin, les forces de sécurité ont arrêté Samvel Karapetian, président du groupe Tashir. Il est accusé d’« appels publics à la prise du pouvoir » après une déclaration publique en faveur de l’Église apostolique arménienne. Selon une enquête téléphonique menée par MPG / Gallup International Association, environ 80 % des citoyens arméniens ont réagi négativement à l’arrestation de l’homme d’affaires. 66,8 % des sondés l’ont qualifié de prisonnier politique.
Moscou a affirmé suivre « de très près » la situation concernant l’arrestation du milliardaire, soulignant être prête à lui apporter « toute l’assistance nécessaire en tant que citoyen russe ».