Neutraliser le site nucléaire iranien de Fordo : un enjeu pour Israël

Le site nucléaire de Fordo, enfoui sous une montagne, est une cible clé pour Israël, mais ses bombes ne peuvent l’atteindre. Seule la GBU-57 américaine, larguée par un B-2, pourrait percer ses défenses, au risque de retombées radioactives. Sans Washington, Israël explore des frappes sur les infrastructures ou des opérations terrestres risquées.
Le site nucléaire de Fordo, situé à 200 km au sud de Téhéran, près de Qom, est un enjeu stratégique majeur dans le conflit Iran-Israël. Enfoui à 80-90 mètres sous une montagne, protégé par du béton armé et des défenses antiaériennes, ce centre d’enrichissement d’uranium est conçu pour résister aux frappes conventionnelles.
Révélé en 2009 par l’Iran à l’AIEA, Fordo abrite environ 3 000 centrifugeuses, capables d’enrichir l’uranium jusqu’à 83,7 %, un taux proche des 90 % nécessaires pour une arme nucléaire. En 2025, selon l’AIEA, l’Iran possède 9 247,6 kg d’uranium enrichi, 45 fois la limite autorisée par l’accord de 2015, dont Fordo pourrait convertir 408 kg en trois semaines pour produire neuf armes nucléaires.
Un site à plus de 100 mètres ?
Israël envisage des options pour neutraliser le site. Depuis les frappes israéliennes du 13 juin 2025, qui ont endommagé 15 000 centrifugeuses à Natanz, Fordo reste intact, ses dégâts se limitant à des structures en surface. Les bombes israéliennes, capables de percer 6 mètres de béton, sont inefficaces contre la profondeur et la fortification de Fordo.
Seule la bombe américaine GBU-57A/B, ou Massive Ordnance Penetrator (MOP), de 13,6 tonnes, peut pénétrer jusqu’à 60 mètres de roche ou de béton. Larguée par un bombardier furtif B-2 Spirit, elle pourrait, en salves, atteindre les tunnels de Fordo, bien que sa portée exacte reste débattue, certaines parties du site étant potentiellement à 100 mètres.
Cependant, une telle frappe pourrait libérer des matières radioactives, selon l’AIEA, et nécessiterait l’implication directe des États-Unis. Or, Donald Trump hésite à s'engager. Sans la GBU-57, Israël pourrait opter pour des frappes répétées sur les entrées des tunnels ou les conduits d’aération pour provoquer des effondrements ou couper l’électricité, comme à Natanz.
Une opération terrestre de commandos est évoquée, mais jugée risquée. Une autre stratégie serait d'éliminer les scientifiques ou de viser l’infrastructure électrique afin de retarder le programme. Cependant, des experts doutent de l’efficacité à long terme de ces mesures, estimant que Fordo pourrait être reconstruit en six mois à un an. Alors que l’Iran accélère son programme et construit un site encore plus fortifié, la neutralisation de Fordo reste un défi majeur pour Israël.