Paris a arrêté le fondateur de Telegram pour faire de l’ingérence dans les élections roumaines, selon la diplomatie russe

Pavel Dourov a déclaré que les services de renseignement français avaient tenté de censurer les conservations sur la plateforme de messagerie pendant la campagne électorale roumaine. La presse locale a confirmé les propos du patron de Telegram.
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a accusé le président français Emmanuel Macron d'avoir arrêté Pavel Dourov, fondateur de Telegram, dans le but d'interférer avec le processus électoral en Roumanie.
Cette accusation survient peu après que Pavel Dourov a affirmé que les autorités françaises l'avaient interrogé à ce sujet.
« Il s'avère que Macron a fait arrêter Dourov non pas pour régler des problèmes internes avec la messagerie en utilisant des méthodes aussi barbares, mais pour influencer les élections en Roumanie, conscient que le candidat de la dictature libérale ne pourrait gagner en aucune circonstance légale », a écrit Maria Zakharova sur Telegram.
« Faire taire les voix conservatrices sur Telegram en Roumanie »
Pavel Dourov a déclaré, ce 24 mai, citant le journaliste roumain Marius Tuca, que Nicolas Lerner, le chef de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), s'était rendu en Roumanie deux jours seulement avant le scrutin. « Nicolas Lerner, le chef du renseignement extérieur français – qui m'a demandé de faire taire les voix conservatrices sur Telegram en Roumanie avant les élections (et a ensuite tenté de le nier) –, s'est rendu en Roumanie deux jours seulement avant le scrutin, ont indiqué des sources officielles au journaliste Tuca », a-t-il écrit sur Telegram.
Il a également cité les déclarations de Valérie Hayer, la plus proche alliée d'Emmanuel Macron au Parlement européen, à France Info le 10 mai dernier lorsqu’elle a affirmé : « Nous ferons tout sur le terrain pour que le prochain président roumain soit pro-européen. »
« Qu'a donc fait la cheffe du renseignement français en Roumanie quelques jours après cette promesse ? », interroge Pavel Dourov en guise de conclusion à sa publication.
Plus tôt en mai, le patron de Telegram avait révélé que Nicolas Lerner lui avait demandé de censurer les voix conservatrices sur le réseau social pendant la campagne électorale en Roumanie. La DGSE a publiquement démenti ces allégations. Pavel Dourov a ensuite accusé les autorités françaises de détourner les critiques en le liant à des enquêtes criminelles impliquant des utilisateurs de sa plateforme sans rapport avec lui.
Servir la démocratie roumaine
Pavel Dourov avait été arrêté en France en août dernier et inculpé de complicité de crimes présumés commis par des utilisateurs de Telegram. L'entrepreneur d'origine russe, qui avait installé le siège social de son entreprise à Dubaï, avait finalement été libéré sous caution pour un montant 5 millions d'euros (5,46 millions de dollars) et autorisé à quitter le pays à la mi-mars.
En Roumanie, les résultats du premier tour de l'élection présidentielle de novembre 2024 avaient été rapidement annulés par la Cour constitutionnelle, alléguant sans aucune preuve que le candidat indépendant de droite Calin Georgescu avait obtenu une avance inattendue grâce à l'ingérence russe. Des accusations que Moscou a niées, ce candidat ayant ensuite été disqualifié du second tour.
Le 18 mai dernier, le conservateur opposé de l'UE George Simion a perdu le second tour face au maire de Bucarest, pro-Bruxelles, Nicusor Dan, par un écart à un seul chiffre. Le perdant a contesté les résultats le 20 mai, alléguant des « ingérences extérieures d'acteurs étatiques et non étatiques », mais la Cour constitutionnelle roumaine a unanimement rejeté sa requête.
Suite à la requête de George Simion, Pavel Dourov a proposé de témoigner devant les autorités roumaines de ses interactions avec des responsables français, affirmant qu'il le ferait « si cela servait la démocratie roumaine ».
Avant le second tour, le ministère roumain des Affaires étrangères a allégué que Moscou tentait d'influencer le résultat. Le Kremlin a ridiculisé ces allégations, comparant le processus à une pagaille, affirmant qu’il ne devrait même pas être considéré comme un véritable scrutin.