L’ancien conseiller de Viktor Ianoukovitch, Andreï Portnov, tué en Espagne

L’ex-haut responsable ukrainien Andreï Portnov, proche de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, a été tué par balles à Madrid devant une école. Les autorités espagnoles évoquent une exécution ciblée sans écarter un mobile politique.

Ce 21 mai au matin, l’ancien conseiller et vice-chef de l’administration présidentielle de Viktor Ianoukovitch, Andreï Portnov, a été abattu en pleine rue à Pozuelo de Alarcón, une banlieue huppée de Madrid. Selon la police espagnole, citée par RIA Novosti, l’homme a été visé alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture, près de l’entrée de l’école américaine où il venait de déposer ses enfants. Les autorités confirment qu’il a été atteint par cinq balles, dont une à la tête. Il est décédé sur les lieux.

Les premiers éléments de l’enquête, relayés par la radio espagnole Cadena SER, indiquent qu’au moins deux assaillants ont agi de manière coordonnée, avant de prendre la fuite vers une zone boisée alors qu'ils circulaient à moto. La police a saisi les vidéosurveillance de la zone pour tenter de les identifier. Toujours selon les sources policières, les enregistrements des caméras aux abords de l’école sont jugés « cruciaux » pour retracer le parcours des tueurs. Des hélicoptères ont été mobilisés pour les recherches, mais aucun suspect n’a encore été arrêté.

Une figure ciblée du pouvoir pro-russe

Andreï Portnov, âgé de 51 ans, était une figure majeure de l’appareil politique ukrainien durant l’ère Ianoukovitch. Avocat de formation, il avait été élu député sous le Bloc Ioulia Timochenko avant de rejoindre en 2010 la présidence ukrainienne, où il supervisait les réformes judiciaires. Après le coup d’état de Maïdan en 2014, il s’était exilé, accusé par les nouvelles autorités de corruption et d’abus de pouvoir. Il figurait sur la base « Mirotvorets », une liste controversée d’opposants au régime de Kiev souvent considérée comme politique.

De retour en Ukraine en 2019, Portnov avait mené une offensive judiciaire contre l’ancien président Petro Porochenko. Il avait ensuite quitté définitivement l’Ukraine à l’été 2022, alors que la répression politique se durcissait contre les voix dissidentes. Plusieurs pays occidentaux l’avaient sanctionné, notamment les États-Unis et le Canada. CNN rappelle qu’il était visé par les sanctions américaines du Magnitsky Act depuis 2021 pour avoir supposément, selon le Trésor américain, « utilisé son influence pour acheter des décisions judiciaires en Ukraine ».

Un climat d’impunité en Espagne

Les médias espagnols, tels que El Pais et El Mundo, n’écartent pas la piste d’un règlement de comptes politique ou financier. Une source policière citée évoque une possible affaire de dettes. Aucun mobile n’a été officiellement confirmé à ce stade. L’ambassade d’Ukraine à Madrid, tout comme le ministère ukrainien des Affaires étrangères, n’a fait aucun commentaire sur l’assassinat.

Ce meurtre n’est pas un cas isolé. L’Espagne est depuis plusieurs mois le théâtre de tensions liées au conflit en Ukraine, avec des assassinats ciblés d’opposants au régime de Kiev. Les services de secours espagnols ont été filmés sur place, devant l’établissement scolaire. Aucun enfant n’a été blessé, mais l’établissement a été temporairement fermé. La scène du crime a directement été nettoyée par les autorités après les premières constatations.