Un chanteur pro-Hezbollah poursuivi pour espionnage au Liban
Mohammad Hadi Saleh, chanteur pro-Hezbollah, est poursuivi au Liban pour espionnage au profit d’Israël. Il est accusé d’avoir livré des informations sensibles pour 23 000 dollars. Cette affaire survient après l’opération des bipeurs piégés et l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, amplifiant les tensions.
Le Liban est secoué par une affaire judiciaire impliquant Mohammad Hadi Saleh, un chanteur religieux proche du Hezbollah, accusé d’espionnage au profit d’Israël.
Selon le juge Fadi Akiki, Saleh aurait reçu 23 000 dollars pour fournir des informations sensibles, notamment sur des sites stratégiques du Hezbollah à Beyrouth et dans le Sud-Liban. Cette affaire, révélée le 15 mai 2025, s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées après l’assassinat de Hassan Nasrallah, ancien chef du Hezbollah, et l’opération des bipeurs piégés attribuée à Israël.
Des failles sécuritaires
Depuis le cessez-le-feu entre les deux belligérants en novembre dernier, le Hezbollah est contraint d'accepter son désarmement du sud du Liban. Le parti chiite est sorti affaibli militairement et politiquement de sa confrontation contre l'Etat hébreu.
L’enquête, ouverte après la réception d’informations par les services de renseignement libanais, a conduit à l’arrestation de Mohammad Hadi Saleh. Le chanteur, connu pour ses chants religieux et ses liens avec le Hezbollah, est accusé d’avoir été recruté via une plateforme de musique en ligne par un individu se présentant comme un producteur européen.
Ce dernier, soupçonné d’être un agent israélien, aurait convaincu le chanteur de transmettre des données sur des cibles du Hezbollah. Une perquisition à son domicile à Jemjim, dans la Bekaa, a permis de saisir des documents compromettants. Mohammad Hadi Saleh nie les accusations, affirmant avoir été piégé.
Cette affaire ravive les soupçons d’infiltration israélienne au sein du Hezbollah, notamment après l’opération des bipeurs de septembre 2024. Les 17 et 18 septembre, des milliers de bipeurs et talkies-walkies utilisés par le Hezbollah ont explosé, tuant 37 personnes et en blessant plus de 3 000, dans une attaque imputée au Mossad. Ces appareils, vendus par une société-écran israélienne déguisée en partenaire de la firme taïwanaise Gold Apollo, contenaient des explosifs. Cette opération, qualifiée de « tournant » par le chef du Mossad, a fragilisé le Hezbollah.
Quelques jours plus tard, le 27 septembre, Hassan Nasrallah a été tué dans une frappe israélienne massive à Beyrouth, visant un bunker souterrain. L’attaque, planifiée sur des années, a utilisé plus de 80 bombes de 900 kg, détruisant six immeubles. Elle a marqué un coup dur pour le Hezbollah, déjà ébranlé par l’opération des bipeurs.
L’affaire Saleh intensifie la méfiance au Liban, où le Hezbollah, soutenu par l’Iran, accuse Israël de chercher à le déstabiliser. Le procès du chanteur pourrait révéler de nouvelles failles sécuritaires au sein du mouvement.
