Accord États-Unis – Ukraine : les clauses cachées d’un partenariat déséquilibré jusqu’à la gestion d’un gazoduc stratégique

Reuters a révélé que les États-Unis avaient proposé à l’Ukraine un accord étendu : accès privilégié aux minerais, création d’un fonds commun… et, en plus, une demande inattendue de contrôle sur un gazoduc stratégique. Le tout sans offrir de garanties de sécurité à Kiev.
Des représentants américains et ukrainiens se sont réunis le 11 avril pour discuter d’une proposition de Washington visant à obtenir un accès privilégié aux ressources minières de l’Ukraine. Selon Reuters, l’atmosphère a été « antagoniste », laissant peu d’espoir de voir les négociations aboutir.
L'agence de presse britannique a fait savoir que la dernière version de cette proposition était nettement plus large que la version initiale, ce qui contribuait au climat tendu. Le département du Trésor américain a confirmé la tenue de discussions, précisant qu’il s’agissait de pourparlers « techniques ».
D’après Reuters, le projet exigerait de Kiev qu’elle dépose tous les revenus liés à l’exploitation de ses gisements, qu’ils soient publics ou privés, dans un fonds d’investissement commun, tout en accordant aux États-Unis un accès privilégié à ces ressources. Pourtant, cette proposition n’inclurait pas de garanties de sécurité pour l’Ukraine, alors que Volodymyr Zelensky en fait une priorité pour la conclusion de l'accord éventuel.
Parmi les éléments évoqués dans le projet figurent également des demandes qui ont vivement surpris les délégués ukrainiens. Ainsi, Reuters, citant une source proche du dossier, a indiqué : « L’un des "œufs de Pâques" trouvés dans le document était une demande des États-Unis pour que la Société financière de développement international du gouvernement américain prenne le contrôle d’un gazoduc du géant russe de l’énergie Gazprom traversant l’Ukraine vers l’Europe ».
Le Premier ministre et le ministre des Finances ukrainiens se rendront à Washington dans deux semaines pour participer aux réunions du FMI et de la Banque mondiale. D’après Reuters, ces rencontres incluront une session dédiée à l’Ukraine le 25 avril.
Début février, Donald Trump avait annoncé son intention de passer un accord avec Kiev sur l’exploitation des terres rares par des compagnies américaines en compensation de l’aide militaire prodiguée à Kiev par Washington depuis l’éclatement du conflit avec la Russie. Un projet qui n’avait pas été du goût de Volodymyr Zelensky, rejetant l’idée même que Kiev puisse avoir une « dette » vis-à-vis des États-Unis et campant sur ses exigences de se voir offrir des « garanties de sécurité ».
Finalement, la signature de l’accord, qui était attendue fin février à Washington, n’avait pas eu lieu en raison d'une altercation dans le Bureau ovale entre le président américain Donald Trump et Volodymyr Zelensky. Ce dernier, après avoir prématurément quitté la Maison Blanche, avait tenté de justifier son comportement en déclarant qu'il avait « défendu la dignité » de son pays.
Le 27 mars, les autorités ukrainiennes ont annoncé avoir reçu une nouvelle version du texte américain. Celle-ci, bien plus stricte que la précédente, prévoit notamment que l’Ukraine rembourse la totalité de l’aide déjà reçue de la part de Washington. Selon Kiev, le document franchit presque toutes les « lignes rouges » convenues auparavant, porte atteinte à la souveraineté du pays et compromet ses ambitions d’adhésion à l’Union européenne.
Le 5 avril, le Financial Times a révélé que les services ukrainiens enquêtaient sur des fuites concernant l’accord sur l’exploitation du sous-sol du pays, en cours de négociation avec Washington. Parmi les moyens utilisés, selon des sources du média britannique, figurent des tests de polygraphe auxquels auraient été soumis des employés de plusieurs ministères.
Le 9 avril, le gouvernement ukrainien a alloué 113 005 millions de hryvnias, soit environ 2,7 millions de dollars, à la mobilisation de consultants pour accompagner les discussions avec les États-Unis sur un futur accord lié aux ressources naturelles, selon le Cabinet des ministres de l’Ukraine.