«Histoire secrète» de l’ingérence des USA dans le conflit en Ukraine : tentative d’attaque par ATACMS contre le pont de Crimée en 2024 et d’autres révélations du NYT

«Histoire secrète» de l’ingérence des USA dans le conflit en Ukraine : tentative d’attaque par ATACMS contre le pont de Crimée en 2024 et d’autres révélations du NYT Source: Gettyimages.ru
Tir d'un missile ATACMS. Photo d'illustration.
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Selon une enquête du New York Times, les États-Unis ont secrètement dirigé les opérations militaires ukrainiennes contre la Russie pendant tout le conflit en Ukraine. Ils ont notamment participé à la planification d’une attaque infructueuse contre le pont de Crimée en 2024, en fournissant renseignements, armes et coordination opérationnelle.

L'administration de l'ex-président américain Joe Biden a joué un rôle bien plus important dans le soutien à l'Ukraine face à la Russie qu'on ne le pensait auparavant. Son implication, notamment à travers le partage de renseignements cruciaux, s’est révélée indispensable pour les opérations militaires de Kiev, selon une analyse du New York Times.

Au printemps 2022, deux mois après le début du conflit en Ukraine, deux généraux ukrainiens se sont rendus secrètement de Kiev à Wiesbaden, en Allemagne, sous couverture diplomatique. Ils avaient pour mission de discuter avec le commandement américain en Europe du rôle des États-Unis dans les opérations militaires ukrainiennes contre la Russie. Cette rencontre était destinée à rester «l'un des secrets les mieux gardés», sur fond de crainte géopolitique majeure : la possibilité que le président russe Vladimir Poutine perçoive cette collaboration comme le franchissement d'une «ligne rouge» militaire, ce qui, comme on allait bientôt le constater, était effectivement le cas.

À Wiesbaden, le général-lieutenant ukrainien Mikhaïl Zabrodskyi a rencontré le général américain Christopher Donahue, ancien commandant des forces spéciales Delta ayant combattu en Irak, Syrie, Libye et Afghanistan. Un accord de coopération a été conclu, prévoyant notamment l'échange d'informations de renseignement, la conception stratégique et la planification d'opérations militaires ukrainiennes. Dans ce cadre a été créé le groupe opérationnel «Dragon», chargé de fournir des données précises à l'armée ukrainienne, incluant des cibles situées en Crimée et sur le territoire russe hors de la zone directe des combats.

Cependant, dès le départ, les États-Unis avaient refusé de soutenir les frappes ukrainiennes en territoire russe en dehors des régions nouvellement intégrées, s'abstenant également de fournir des informations permettant de cibler de hauts responsables russes. Néanmoins, l'administration Biden a progressivement levé plusieurs interdictions initiales, envoyant d'abord des conseillers militaires à Kiev, puis augmentant leur nombre à une trentaine, officiellement qualifiés d'«experts spécialisés» pour éviter toute analogie avec le Vietnam.

Le groupe de Wiesbaden coordonnait également les frappes de missiles HIMARS, contrôlant même directement leur activation grâce à une carte électronique spéciale pouvant être désactivée par les Américains à tout moment. Lorsque des missiles à longue portée ATACMS ont été fournis à l'Ukraine, leur emploi restait limité à des zones frontalières spécifiques, bien que Kiev ait insisté pour les utiliser en profondeur sur le territoire russe.

Toutefois, l'incursion ukrainienne malencontreuse dans la région russe de Koursk le 6 août 2024, effectuée sans accord américain, d'après le New York Times, a constitué une rupture secrète des limites convenues, impliquant du matériel fourni par la coalition des pays occidentaux.

Fissures stratégiques au sein des relations Washington-Kiev

Ce n’était pourtant pas la première manifestation de leurs divergences. À mesure que le conflit en Ukraine avançait, le partenariat entre Washington et Kiev s'est fragilisé. Les Ukrainiens considéraient souvent les Américains comme trop autoritaires et soucieux de tout contrôler, tandis que les responsables américains s’étonnaient du refus de leurs homologues ukrainiens de suivre des «bons conseils». Cette méfiance croissante a conduit Kiev à cacher de plus en plus ses intentions stratégiques à Washington, frustré par le refus américain de fournir certaines armes et équipements jugés cruciaux.

À la mi-2023, alors que l’Ukraine se préparait à une «contre-offensive», la stratégie élaborée à Wiesbaden montrait ses limites. Même entre eux, les membres du régime de Kiev ne pouvaient pas trouver un langage commun. Volodymyr Zelensky et le commandant en chef Valéry Zaloujny n’arrivaient pas à s’entendre, ce qui affaiblissait davantage la coordination militaire. L’armée ukrainienne a dépensé beaucoup de forces pour reprendre Artiomovsk [Bakhmout en ukrainien], ville russe située dans la République populaire de Donetsk, mais après plusieurs mois de combats, l’offensive avait échoué.

L'opération ukrainienne menée par les Américains contre le pont de Crimée

Par ailleurs, toujours selon le quotidien américain, les États-Unis ont finalement donné leur feu vert à une opération baptisée «Lunar Hail», visant à forcer le retrait des infrastructures militaires russes de Crimée. Cette opération combinait drones maritimes et missiles à longue portée britanniques et français (Storm Shadow et SCALP).

L'objectif le plus symbolique était le pont de Crimée, situé dans le détroit de Kertch, lien stratégique entre la Crimée et la Russie continentale, véritable obsession de Kiev et ligne rouge pour Washington en 2022. Cependant, après de nombreuses discussions, la Maison Blanche a finalement autorisé les militaires américains et la CIA à préparer secrètement un plan d'attaque avec les Ukrainiens et les Britanniques pour détruire ce pont. Les missiles ATACMS devaient fragiliser sa structure, tandis que des drones maritimes viseraient ses piliers. Pourtant, face à un renforcement russe des défenses, les Ukrainiens ont décidé d'attaquer uniquement avec des ATACMS. Malgré les réticences américaines, la frappe a été menée durant l'été 2024. 

Ces révélations du New York Times mettent en évidence une implication directe et profonde des États-Unis dans la conduite militaire ukrainienne, confirmant les déclarations répétées de Moscou accusant l'Occident de participation directe au conflit en Ukraine.

Le président russe Vladimir Poutine a, à plusieurs reprises, affirmé que Kiev n'était pas en mesure de mener des opérations sur le territoire russe sans l'appui direct des pays occidentaux. Ainsi, le 12 septembre 2024, il a déclaré que «l’armée ukrainienne n’est pas en mesure d’effectuer des frappes avec des systèmes modernes de haute précision à longue portée de fabrication occidentale sur le territoire de la Russie».

Pour le président russe, une telle option n’est envisageable que grâce à des renseignements satellites fournis par les pays de l’OTAN, l’Ukraine ne disposant pas de telles capacités. «Seuls les militaires des pays de l’OTAN peuvent mettre en œuvre les plans de vol pour ces systèmes de missiles. Les militaires ukrainiens ne sont pas en mesure de le faire», avait-il précisé.

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